Manger avec une fée, c'est la classe! (Suite de RP.)

Adélie avait mis un peu de temps à s'arrêter de pleurer, même une fois dans les bras de Caramélia. Une fois partie dans sa lancée, c'est très dur de s'arrêter, surtout qu'une fois en sanglots, elle avait du mal à respirer, ce qui l'effrayait énormément et la faisait donc pleurer de plus belle. Le cercle vicieux habituel, quoi.

Mais lorsque ses hoquets douloureux s'espacèrent et qu'elle reprit un peu ses esprits, la gamine ouvrit de grands yeux tout émerveillés et tout rouges.

Mais... Mais... Je suis portée!! Par Caramélia-sama, en plus!

Ils étaient à présent tous les trois sortis de la boutique et Adélie, alors frappée de cette révélation, regardait la jeune fille avec ce qui était intérieurement du ravissement mais qui semblait être, en partie à cause de son visage dévasté par les pleurs, une profonde hébétude. Elle se sentait en sécurité et avait même oublié pourquoi elle s'était mise dans cet état...

Elle tira bien vite profit de la situation en se blotissant contre son amie, encore secouée par quelques sanglots incontrôlables. C'est alors qu'elle entendit Shaa-kun dire, après toutes les hésitations préliminaires qui lui étaient propres :

-...Je suis vraiment désolé de n'avoir été capable de rien faire pour consoler Aderichan quand elle pleurait!

Oh là là... Mais fallait pas! Adélie avait beau voir en lui un autre grand frère, elle le classait lui-aussi parmi les enfants et n'en attendait pas autant de lui... Enfin, toujours avide de calins, elle eut le malheur de lui dire ( sans penser une minute, ce qu'elle avait bien pu voir jusqu'ici, que le garçon était d'une timidité maladive ) :

- Pas gav! Tu peux mfaire un calin aussi maint'nant!

Et elle partit d'un petit rire joyeux qui effaça de ses joues rondes les derniers vestiges de larmes. Elle ne pensait pas, mais alors pas du tout à mal, elle se disait même quelque chose comme "chacun son tour, d'abord Caramélia, puis Shaa-kun".

E... Eeeeeh?!

Évidemment, bien que la proposition paraisse normale de la part d'Adélie, elle avait pas mal étonné Sharaku en revanche. C'était là un drôle de dialogue, chacun connaissant le comportement habituel de l'autre mais semblant soudain l'oublier pour être fidèle à son propre comportement sans se gêner. Et en gros... Non, Sharaku ne se gênait pas pour être gêné, on peut le dire. Il avait à nouveau rougi comme une tomate et avait à nouveau bien baissé les yeux vers le sol, se frottant —...devinez? Les deux index l'un contre l'autre! XD

Ah ben... Ben je sais pas maintenant, moi!

Cette affirmation qui avait bien quelque chose de vraiment immature n'avait pourtant rien à voir avec ce masochisme primaire des petits garçons de son âge qui jouent à "beuuuurk, nan, j'touche pas les filles". Après tout, la seule vraie amie de Sharaku avant d'arriver ici était une fille, alors... Non, ça n'avait rien à voir. C'était juste que comme d'habitude, ben... Il était embarrassé, le Sharaku! Est-ce qu'Adélie-chan tenait vraiment à avoir un câlin, ou n'était-ce qu'une proposition au petit gars de se racheter en exprimant —un peu tard— un geste d'affection, auquel cas accepter serait peut-être impoli? Ce "je sais pas", ça voulait justement dire ça, "je sais pas si je dois dire oui ou non", et non, il ne le savait sincèrement pas. Ce n'était même pas de la coquetterie ou autre connerie du genre, ce n'était pas le genre de Sharaku et de toutes façons, timoré comme il était, jamais il n'aurait pu se permettre une chose pareille... Bon, n'empêche qu'à la vue d'une situation comme ça... Tout de même, 'faut savoir ce que tu veux, Sharaku! T'es encore plus ridicule, là! Mais le pauvre... On a beau s'en rendre compte, on ne peut pas s'empêcher d'avancer sur une pente de plus en plus glissante, pas vrai?

[ Aaaah, Shaa-kun et ses index!! <3 ]

C'est vrai qu'elle aurait du s'y attendre, mais... Mais Adélie se sentait quand même un peu déconcertée. Quoi, rougir pour ça? C'est vraiment pas la peine. Et puis, ça la vexait un peu aussi. Non mais, c'est pas tous les jours qu'elle proposait à quelqu'un de la caliner, et même pas en échange de bonbons en plus!

C'en était trop, même petite, Adélie était une fille, et en tant que telle, elle devait laver son honneur dans le sang! Enfin, laver son honneur, quoi. Et en l'occurence, alors que Caramélia la tenait encore dans ses bras, c'était l'occasion rêvée, oui, elle ne pourrait plus refaire une telle chose une fois revenue sur le plancher des vaches...

Alors, la gamine se pencha, pencha, appuyée sur le bras de Caramélia qui soutenait son dos, elle tendit les lèvres et déposa un gros bisou tout baveux et humide ( elle vient de pleurer en plus ) sur la joue droite du petit garçon. Bien fait!!

- Là! Tu veux pas calin, bah bisou!

Puis, toujours dans son optique " pas de jaloux", elle se tourna vers Caramélia et lui embrassa aussi la joue ( gauche cette fois-ci ). La jeune fille était en veine, ce bisou-là était beaucoup moins baveux que l'autre, mais il faut dire que Shaa-kun avait essuyé le gros de l'averse...

- Et pour Caamelia aussi ( elle commence à avoir du mal à le prononcer...), pour dire merci!

Et elle les regarda tous les deux d'un air satisfait. Ils étaient à elle vraiment amis, à présent ( partie dans son délire, mais ça nous change pas...).

UAAAAAH?!

Là, c'était carrément un grand cri tout nerveux que Sharaku venait de pousser lorsqu'Adélie l'avait embrassé sur la joue. Il faut dire aussi qu'il n'avait pas l'habitude... Jamais aucune fille... Non, d'ailleurs, jamais personne, même, ne l'avait jamais embrassé, ou peut-être sa maman quand il était tout, tout petit, mais il ne s'en rappelait plus beaucoup. Sa mère et son père étaient si souvent partis qu'il ne les voyait pas souvent, et quand il les voyait, c'étaient plutôt des câlins... Si, peut-être bien que sa mère l'embrassait, quand on y pense. Mais c'était bien la seule. Sa grande soeur, ce n'était pas son genre à elle, d'embrasser son petit frère... Ça y allait plutôt à la et vas-y que je t'engueule, tout le temps. Mais ne démonisons pas totalement cette pauvre Wato, il lui arrivait tout de même de serrer son cadet dans ses bras lorsqu'elle était soulagée après une grosse inquiétude pour lui, ou autre situation du genre. P-chan... HERM. P-chan, sans commentaire. P-chan, il n'y avait qu'une personne sur terre qu'elle voulait embrasser et qu'elle voudrait toujours embrasser, c'était bien son "chenchei"... Bref, tout ça pour dire que décidément, c'était un geste qui avait bien surpris Sharaku, et ce dernier ne connaissait pas très bien cette sensation-là. C'était mouillé, vraiment tout mouillé. C'était toujours comme ça, ou c'était parce qu'elle avait pleuré? En tout cas, c'était inhabituel, c'est sûr, et puis c'était... Ben c'était GÊNANT, voilà! Et pas besoin d'être un génie pour le voir. D'ailleurs ça se remarquait à des kilomètres. Si on peut faire plus rouge qu'un coquelicot en été, Sharaku venait de le faire à présent, et avec brio avec ça. Tremblant un peu, bafouillant à l'aveuglette des monosyllabes sans signification précise, il ne s'en remettait décidément pas. Il tapait le bout de ses deux index l'un contre l'autre frénétiquement, sur un rythme irrégulier, et quelquefois il se ratait, parce que quand on est distrait, on ne vise parfois pas très bien le bout du doigt qui se trouve en face... Surtout si on a à moitié la tremblotte, avec ça...

Mais mais mais mais mais... Mais qu'est-ce que tu fais?!

Sharaku ne contrôlait plus vraiment sa voix non plus et n'était plus capable à présent que de cris. Ceux qui étaient habitués à ce petit gars savaient que ce genre de crises de nerfs en version minimes arrivait parfois chez lui, et qu'il fallait bien les provoquer par un élément ou un autre. Sharaku était tellement ému facilement et pour si peu... Il n'avait même pas songé à s'essuyer la joue, bien qu'elle soit pas mal mouillée, tout simplement parce qu'au moins, ça, il le savait, c'était un comportement très, très impoli.

« Tu verras Sharaku-kun, dans quelques années tu aimeras bien que les filles te fassent des bisous, mwu~ »

M... Mouais, je sais pas, hein.

Sharaku avait cette fois répondu d'une toute petite voix, en détournant le regard et en se mettant à nouveau à fixer ses pieds tandis qu'il marchait. "Je sais pas", c'est décidément une belle réponse passe-partout quand l'embarras vous empêche de savoir clairement quoi dire. Oui, l'enfant à la croix blanche était encore gêné, et il se sentait bien bête de l'être, sachant très bien, pourtant, que ce que disait Nagisa-san c'était uniquement pour le taquiner. Enfin, après tout, ce n'était pas faux, vu que comme on l'a dit il n'avait pas l'habitude d'être embrassé sur la joue comme ça, Sharaku "ne savait pas". Non, il ne savait pas vraiment quoi en penser. C'était... Bizarre. XD Hun, une réaction habituelle et typique d'un petit garçon innocent de son âge, pas vrai? Mais quand on en vient à ces sujets-là, les avis sont souvent un peu tous les mêmes... Bon, le résultat, c'était que le guide de la jeune fée des sucreries s'était à présent changé en petite tomate vivante, et qu'il n'osait plus rien dire au point de ne plus regarder ailleurs que par terre pendant tout le trajet. À se demander comment il arrivait à trouver la direction du local à costumes sans regarder devant lui comme ça. La réponse était simple : Sharaku avait l'habitude de marcher en regardant ses pieds, comme lorsqu'il rentrait à la maison sur le chemin de l'école. —Enfin, dans le cas où la voie était libre et que les petites racailles de l'école n'étaient pas susceptibles de lui tomber dessus par surprise. Dans le cas contraire, il rasait les murs, traversait les longues allées en courant et lâchait des regards furtifs de tous côtés de peur de se faire choper par l'un de ces petits montres...— Finalement, Nagisa brisa le silence dans lequel l'enfant se cloîtrait :

« Nee Sharaku-kun, c'est encore loin hé ? »

Eh? Ah... Euh...

Petit sursaut. Tiens, on lui adressait la parole. Est-ce que c'était encore loin? Oh non, depuis le temps, maintenant... Le petit gars releva une tête encore toute rougissante et intimidée vers la jeune fille et répondit d'une petite voix :

Non... Plus trop, maintenant... On y est bientôt.

[On continue dans le local! Je vous y attends...]


Lorsque Nagisa avait répondu à son bisou par un autre, Adélie avait rosit de joie. Elle était vraiment heureuse, dans les bras de sa grande amie et aux côtés de son ami Shaa-kun, et elle aurait voulu le leur dire mais... Mais...

Ouaaaahhhh...

Mais tous ces pleurs l'avaient épuisée. Elle n'allait pas dormir, non, elle était plus un bébé! C'était ceux de la petite et moyenne section ( de maternelle... ) qu'on envoyait faire la sieste après le repas, pas ceux de la grande, comme elle!

Elle gardait donc les yeux ouverts mais avec difficulté. La conversation qu'avaient Caamelia et Shaa-kun semblait très lointaine, et la petite dodelinait de la tête, toujours blotie tout contre la fée. Elle entendit tout de même la question de Caamélia dans son demi-sommeil et répondit vaguement :

- Oui, oui, va bien moi...

Et elle ferma les yeux. Non, non, pas pour dormir, non. Juste pour se reposer...