Au travail! ...Encore. (Suite de RP~)

HJ : Voalache, Adélie-san, c'est ici, si tu veux continuer!


Pfuu...

Et voilà, on y est!

Au bout d'un bon petit moment de marche —rapide, il s'agissait de ne pas trop lambiner plus longtemps—, les deux compères et leur petite compagne d'infortune Adélie, la petite soeur de la directrice, avaient fini par revenir à l'endroit qu'Osamu et Takashi avaient été forcés de quitter un moment plus tôt. Takashi avait plutôt eu du fun à porter la petite fille sur son dos, car il lui en fallait peu pour s'amuser et elle s'était montrée pleine de vie tout le long du trajet, à crier et à s'agiter. Bon, ce que le grand dadet était loin d'avouer, c'était qu'il avait un peu mal au dos à présent, et qu'il avait été un peu embarrassé parfois que les gens se retournent pour les regarder. Idem pour Osamu, d'ailleurs. Ces deux-là n'aimaient décidément pas trop qu'on les regarde... Finalement, Takashi attrapa la petite fille dans son dos pour la reposer assez doucement par terre, avec encore un poil d'effort. Ça l'entraînait tout ça, pour quand sa petite soeur grandirait...

Allez, hop là... Finie, la balade!

Hm, tout est là! Les sacs avec nos boîtes à repas et nos affaires, les seaux et les balais...

Eh bien! On n'a plus qu'à se remettre au travail, on dirait!

Hm!

Ce fut alors résolument que les deux jeunes garçons retournèrent à leurs pelle et balayette, sachant bien où était leur place et à quoi il fallait s'en tenir. Après tout, ils ne faisaient pas tout ça pour rien... Alors qu'Osamu reprenait le travail exactement comme avant de l'avoir laissé là, Takashi prenait la liberté de traîner un peu plus sur son balai, et finalement se tourna vers Adélie avec un sourire un peu compatissant :

Ça risque de pas être passionnant de nous regarder, tu sais... Tu ne vas pas t'ennuyer?

Adélie ne répondit pas à sa question. Ce n'est pas qu'elle n'avait pas entendu, ce n'est pas non plus qu'elle n'avait pas compris, et à vrai dire, elle avait l'intention de ne pas la laisser en suspens, mais voilà... Un chose horrible venait d'apparaître derrière Taashi. Atroce. Monstrueux. Du genre pétrifiant. Elle ne pouvait plus détourner ses yeux de cette ombre à l'aura néfaste, ni prononcer quoi que ce soit...

Il était rare, comme vous avez pu le constater, que la petite fille ressente le danger. Mais cette fois-ci, l'atmosphère était tellement palpable que des larmes de frayeur vinrent humecter ses yeux. Finalement, comme si un sort s'était subitemlent levé, sa langue se dénoua, et elle murmura d'une toute petite voix :

- Samu, Taashi, de... derrière...

Ils auraient du faire face à un monstre maléfique, Adélie n'aurait pas réagit différemment. Et pourtant, il ne s'agissait que d'un être humain relativement normal, mais en l'occurence extrêmement remonté.

Le seau à la main, l'éponge dans l'autre et la srepillère sur l'épaule, Tsuru ( car il s'agissait bien de le vieille femme de ménage ) rageait tellement qu'elle semblait émettre de la fumée par tous les orifices ( ne me demandez pas les détails, jveux pas devenir vulgaire... ). Elle fulmina à l'adresse de ses deux nouveaux collègues, ignorant royalement la morveuse qui la regardait, bouche bée :

- Se remettre au travail? Quel travail?

Elle articulait ces paroles avec une lenteur voulue, et bien qu'elle n'ait que l'apparence d'une vieille dame inoffensive, il se dégageait d'elle quelque chose d'extrêmement déplaisant. Elle renifla avec humeur et toisa les deux jeunes gens.

Ah, la jeunesse! Incapable de se focaliser sur une tâche, toujours à battre la campagne et à courir après les papillons! Mais je vais vous les ramener sur terre, moi, le nez dans les ordures, là où doit se tenir tout bon nettoyeur!

Elle resta un moment à les dévisager ainsi dans un silence de plomb, puis sans aucun signe précurseur, la tempête éclata .

- Alors, on est parti faire un petit tour? Mais vous vous croyez où, bon sang, dans un parc d'attraction?! ( Hmmm, mal choisi ma vieille, car c'est bien le cas.. ) Réveillez-vous, mes ptits gars, vous êtes au boulot ici, et les tire-au-flanc, on les port' pas dans not' coeur! On n'a pas idée, quitter votre lieu de travail aux heures de pointe! Et dès le premier jour en plus! Jveux bien croire que c'est vot' première fois, mais raison de plus pour en pas vous faire remarquer! Non mais franchement, qui m'a fichu des ahuris pareils!

Comme toujours, Tsuru ne mâchait pas ses mots, mais comme il lui arrivait souvent, elle avait gueulé sans se préoccuper de sa condition de femme âgée et se trouvait à présent hors d'haleine. Elle se mit à respirer bruyamment pour reprendre son souffle en attendant de pouvoir à nouveau crier. Bien qu'un tel essoufflement passe habituellement pour une marque de faiblesse, dans le cas de Tsuru, il ne contribuait qu'à la rendre plus inquiétante encore...

Adélie attendait avec terreur la fin de l'orage, tremblant de tout son être tant pour elle ( et pourtant, le vieille ne lui accordait aucune attention ) que pour ses amis qui, elle en était intimement convaincue, n'avaient rien fait de mal... Oui, elle était persuadée de leur bon droit, mais ne pouvait trouver la force de défendre cette opinion devant cette femme monstrueuse. Elle la connaissait pourtant, Tsuru, mais pas comme ça...

Aaaaaaah!

C'était... C'était à prévoir, ça. Évidemment, la grand-mère n'allait pas les féliciter de s'être barrés en plein milieu du temps de travail... Et elle était décidément bien fidèle à l'idée qu'ils se faisaient d'elle. Dès qu'ils avaient entendu la voix de la vieille femme dans leur dos, Osamu et Takashi avait senti un frisson leur parcourir l'échine ; ça sentait pas bon, ça, vraiment pas bon... La façon dont elle les dévisageait n'était décidément pas rassurante... Pas rassurante du tout... Osamu eut juste le temps de s'agripper à Takashi, signe de peur des plus ostensibles, mais sans oser lâcher le moindre mot ; l'air furieux de Tsuru-san semblait les priver littéralement de l'usage de la parole, et ça les paralysait tellement qu'ils n'arrivaient même pas à tenter de s'expliquer... Et puis, ça avait éclaté. Et nous en sommes là. Le cri terrifié des deux garçons, Takashi qui croisait ses deux bras au-dessus de sa tête comme pour se protéger, Osamu qui se collait à Takashi comme si ce dernier allait tous les deux les sortir de là, ce qui était loin d'être le cas, mais ça restait un pis-aller...

Aaaaaaah!

Pa... Pardon, Oba-san!

On recommencera plus, Oba-san! Juré!

Oui, décidément, cette femme-là était terrifiante. On n'avait pas envie de la contredire... Et manque de bol, à cause de ce qui s'était passé aujourd'hui, elle était loin, à présent, d'avoir les deux petits nouveaux à la bonne. C'est normal. Takashi et Osamu le savaient, ça n'apporte que des ennuis de quitter son lieu de travail, surtout dès le premier jour, et puis ça se fait tout simplement pas, quand on a bonne conscience... Mais pour le coup, ils avaient une bonne excuse, pourtant! Seulement, voilà... On n'osait plus rien dire, quand on se faisait gronder par la Baba. Juste "pardon, désolés, on le fera plus, oui c'est notre faute..." Dans un moment pareil, les deux amis préféraient bien mieux s'écraser plus bas que terre en excuses que de s'autoriser la moindre objection. Profil bas, hein. Tout ça ne les rendait pas fiers... Et d'ailleurs, si même ils trouvaient le cran de lui tenir tête et de lui dire qu'ils avaient une raison, est-ce que Tsuru-san voudrait bien ne serait-ce que les écouter? Et même dans ce cas-là encore, est-ce qu'elle croirait cette histoire sans queue ni tête d'oiseau qui parle, si on allait jusqu'à lui raconter ça? Personne ne croirait une histoire pareille, c'est sûr...

O... On reprend le boulot, Oba-san, tout de suite!

Et voilà... J'étais sûr qu'on finirait par se faire gueuler dessus à un moment ou à un autre!

[ Cest bête, parce que, étant d'essence volatile, Tsuru-san aurait sans doute été ( un peu ) plus clémente si elle avait connu le fond de l'histoire... Mais Ad-chan restera elle-aussi muette comme une tombe, elle a bien trop peur! ]

- Finir votre boulot?! Quel boulot? Je suis venue voir comment tout se passait, vu que c'était le premier jour, hum! Ça m'apprendra à m'faire du mourron pour des ingrats, tiens... Et qu'est-ce que je vois ? Personne. Alors vot' boulot, ben c'est bibi qui se l'est collé!

Et elle leur jeta un nouveau regard furieux. Avec son nez bien cabossé, ses yeux brillants et ses cheveux ébouriffé, on aurait vraiment dit un oiseau de proie en mode dissuasif. Si elle continuait comme ça, elle allait les faire fuir, et ce n'était pas son but. Ce qu'elle voulait, c'était leur inculquer un peu de bon sens, voilà tout! Et comme on dit souvent, le corps retient mieux et plus longtemps que l'esprit, alors...

- Vous deux! Attrapez-moi vos outils et suivez-moi! Croyez-moi, z'êtes bons pour les heures sup', vous z'allez manger la poussière, oh oui! Mais ça vous fera du bien de vous dépenser, hum, et à mon âge je n'peux plus me permettre ce genre d'efforts soutenus... Allez, un peu de nerf, que diable!

Elle pestait en les voyant réagir moins vite qu'elle n'aurait voulu. De toute façon, une fois qu'elle était dans cet état; elle pouvait pester contre tout et n'importe quoi, et puis, ce n'était pas comme si les objets ne lui répondaient jamais, elle avait sa propre logique, à engueuler sa serpillère... Enfin, pour l'instant, elle ne faisait que grommeler dans sa barbe ( façon de parler, contrairement à certaines personnes, le grand âge ne lui avait pas apporté de pilosité faciale supplémentaire ^.^ ) avant de tomber en arrêt devant Adélie.

La pauvre gamine était pétrifiée par l'angoisse et la culpabilité. Si elle avait eut une conscience un peu moins rigoureuse, elle aurait déjà pris ses jambes à son cou devant cette ancêtre infernale, mais voilà, Samu et Taashi, c'était des potes maintenant, on laisse pas les potes dans le pétrin...

Tsuru ne fut pas émue des masses par la vue de la petite fille aux yeux larmoyants. De son point de vue, c'était une brave gosse, qui aimait bien donner un coup de main à l'occasion, mais beaucoup trop libre et trop gâtée... Qui de plus, pleurait pour rien. Est-ce qu'elle lui avait fait un quelconque reproche à ct'enfant? Non! Alors que, sans doute, c'était elle qui avait détourné les deux autres de leur tâche.....

- Mais qu'est-ce que tu fais là, toi? Allez, retourne voir Pell-kun ou Akizuki-chan ( c'est la façon un peu tordue qu'a Tsuru de témoigner son respect et son affection à la petite fille de Kyosuke ) et arrête de venir dans les pattes des employés! Allez, ouste, du balai!

Loin de faire demi-tour ou de se justifier, Adélie sembla encore plus désemparée. La seule chose qui put sortir de sa bouche fut un "Uuuuuh..."annonciateur de grandes précipitations lacrimales... Ne préparez pas de mouchoirs, prenez carrément des parapluies...

AH! O-Oui!

Tout de suite, Oba-s... Ouaïe!

Le "ouaïe", c'était réciproque. Et c'était tout simplement parce qu'en essayant de se presser pour aller chercher leurs affaires, Osamu et Takashi s'étaient rentré dedans. C'est bête, mais chez eux c'était un coup classique... Une maladresse dont depuis des années ils n'étaient même pas arrivés à se défaire. Osamu en se frottant le crâne, Takashi en secouant sa masse de cheveux en pétards comme pour se remettre du choc, chacun des deux garçons courut chercher son matériel, pressés qu'ils étaient par Tsuru qui n'était définitivement pas décidée à les laisser s'en tirer à si bon compte... Apparemment ils étaient partis pour bosser jusqu'à ne plus pouvoir tenir, et ce n'était décidément pas pour les rassurer... C'était bien leur veine! Plus jamais ils ne feraient les quatre volontés d'un esprit salement manipulateur et ingrat, tiens, et merde alors! D'autant qu'ils allaient arriver frais au lycée le lendemain matin... Mais ce sont là les aléas du baito, on n'y pouvait rien dire, et puis, de toutes façons, ils n'avaient pas été au bon endroit au bon moment, il fallait bien qu'ils payent, c'était ainsi qu'en décidait la fortune... Et leur patronne, aussi, entre parenthèses... Alors que les deux garçons s'avançaient dans le dos de la grand-mère pour la suivre, Osamu leva les yeux vers son grand camarade pour commencer les messes basses, un peu gêné de la situation :

Tout de même... Ça me gêne qu'Oba-san ait dû se taper tout notre travail...

T'as pas à te sentir coupable! On avait une bonne excuse, quoi!

Tiens, ouais, d'ailleurs, pourquoi tu lui as pas dit, toi, qu'on en avait une, d'excuse, si elle est si bonne que ça?

J'sais pas... Et toi, pourquoi t'as rien dit?

Mais le double interrogatoire dut s'arrêter là, car Tsuru s'était arrêtée un instant devant Adélie pour lui donner à elle aussi sa part de remontage de bretelles. Décidément, elle n'était pas commode, la grand-mère... Seulement, Takashi et Osamu manquaient bien trop de couilles, pardonnez l'expression, pour oser la contredire une nouvelle fois. Ils avaient toujours été comme ça. Des lâches en puissance... Néanmoins, histoire de rassurer la petite, chacun y fut de sa part de signes, donnés à l'enfant dans le dos de Tsuru pour faire passer un message sans avoir à en venir aux mots. D'abord, le grand gars à la tête de cacahuète, avec un geste d'excuse, adressa un clin d'oeil discret à Adélie, avec un sourire gêné qui voulait dire "ne t'inquiète pas pour nous" ; et Osamu, qui avait remarqué que la petite fille semblait décidément à deux doigts de pleurer, avait préféré opter pour un geste dissuasif tout à fait paniqué, tentant ainsi de lui faire comprendre que pleurer n'arrangerait sûrement pas les choses et que ça ne serait bénéfique pour personne... Seulement, on l'a compris, Osamu n'est pas très doué pour rassurer les enfants... Alors, est-ce que ça allait réellement avoir un effet positif, rien n'était moins sûr...

Non, effectivement, tous ces signes de réconfort et de sympathie n'eurent pas l'effet escompté... Au contraire, Adélie en les voyant gesticuler cru comprendre qu'ils l'invitaient aussi à déguerpir, parce qu'elle les gênait. Et c'était une des choses qu'elle ne supportait pas, être un poids pour les autres, un boulet, un bébé qu'on écarte parce qu'il ne fait que ralentir le mouvement...

Oh non... Encore une bêtise! J'étais vraiment "dans leurs pattes?" Je les ai empêchés de tavailler?

La gamine se raidit tout d'un coup, renifla un bon coup et serra les poings. Elle faisait un grand effort sur elle pour arrêter de chouiner et émettre quelque sons compréhensibles... Sa voix tremblait tout de même quand elle dit :

-Paa... Pardon! Jle frai plus, promis, Ba...ba... Uuuuuh...

Et, sentant les larmes revenir en quatrième vitesse, elle leva le bras pour cacher son visage, tourna les talons et se précipita à toute allure vers le local des costumes, où elle savait qu'elle pouvait trouver le réconfortant Pelleas... Dire qu'elle voulait lui raconter la super après-midi qu'elle avait passé! Eh non, une fois de plus, elle allait venir chialer dans ses jupons...

La grand-mère soupira en la voyant se carapatter. Elle était tout de même un peu peinée de voir la petite dans cet état alors qu'elle, une vieille femme incapable de lever la main sur qui que ce soit, n'avait fait que hausser un peu le ton. Elle avait vraiment été élevée dans du coton, celle-là, et ça n'allait pas l'aider plus tard...

Tsuru se retourna d'un bloc pour tomber en arrêt sur ses deux nouvelles recrues qui avait un air assez... Comment dire? Enfin, elle, elle leur trouvait l'air coupable. Elle fronça le sourcil et fit la moue. Peut-être qu'elle avait en effet exagéré les torts de la gamine, mais bon, ça lui ferait pas de mal de réfléchir un peu à ses actes!

Quant à ces deux nouveaux... Bon sang, ils étaient pas aidés! Ils avaient du se rentrer dedans, et il y en avait un ( le plus petit ) qui avait une serpillère sur l'épaule, qur le point de glisser, et l'autre grand dadet qui tenais tous ses accessoires, éponge, sprays et autres, dans ses bras... Tsuru n'avait rien contre le fait d'embaucher des novices, au contraire, il fallait bien faire ses armes à un moment ou à un autre... Mais franchement, elle n'en revenait jamais de la balourdise de ses collègues.

- Bon, une minute. Vous me prenez tout ce qui traine et vous me le mettez dans votre seau, compris? Oui, ça concerne ce que vous tenez en vrac, là.... Le balai, vous le gardez à la main, et à l'avenir, n'oubliez pas de ranger vos ptits trucs de la sorte, sinon vous en perdrez toujours en chemin, et le règlement est le règlement! Tout objet perdu devra être racheté par le responsable. Allez, je vous attends!

Tsuru, dont les affaires étaient déjà rangées ( il serait plus juste de dire qu'elles s'étaient rangées toutes seules, mais elle s'était assurée de faire ça à l'insu de tous et ne risquait pas de réitérer l'exploit en face de deux non-initiés ), les regarda faire en croisant les bras et en tapant du pied. Un vrai sergent instructeur.

Les deux garçons avaient regardé la petite fille partir en courant avait pas mal de peine au coeur. Tu parles d'une bonne façon de lui dire au revoir, à cette enfant qui avait été si gentille... Ils auraient aimé pouvoir lui dire qu'elle ne les avait pas dérangés du tout, qu'elle les avait bien aidés au contraire, la remercier... Mais la situation ne s'y prêtait pas... La pauvre Adélie! Elle devait être bien triste elle aussi, et bien déçue surtout, après avoir eu l'air de tant s'amuser, ça brisait le coeur de la voir comme ça... Finalement, Takashi eut le front de traiter la chose "justement" ou du moins de la façon qu'il estimait la plus juste, et lança tout de même quelque chose à la petite fille qui partait en courant, au risque de se faire engueuler par Tsuru pour ne pas être à son affaire, et au risque aussi qu'Adélie ne l'entende pas... Mais tant pis, il s'en serait voulu pendant des jours et des jours s'il ne l'avait pas fait...

Eh, petite... Merci! Merci pour tout!

Mais déjà il fallait à nouveau faire profil bas sans prendre le temps de regarder si la "petite" en question avait pu recevoir le message ou pas. Tsuru-san venait de les arrêter pour leur expliquer comment mieux tenir leur matériel. Les deux jeunes gens eurent alors chacun un regard sur leur propre personne, et rougirent à la vue de la façon gauche dont ils s'y prenaient. Il fallait dire qu'ils n'avaient pas l'habitude, et qu'ils avaient toujours été très maladroits et pas des plus fute-fute... Surtout lorsqu'il s'agissait de s'adonner à une activité à laquelle ils n'étaient pas habitués, pour ainsi dire. Il fallait donc obtempérer, puisqu'en plus d'être un ordre ces paroles-là étaient aussi, et surtout, un bon conseil.

Euh... Oui, d'accord!

Compris!

Et vas-y qu'on s'exécute. C'était vrai que c'était bien plus pratique comme ça, les deux compères devaient le reconnaître... Osamu, particulièrement, se disait que si cette grand-mère-là n'était pas commode, elle avait au moins le mérite d'avoir un bon fond et de chercher davantage à les aider qu'à leur mettre des bâtons dans les roues, comme tout bon chef... Bon, sûr que cette personnalité-là n'avait rien à voir avec celle de leur charmante directrice, mais au moins, elle leur apprenait dès le début à être efficaces! Et puis... Elle aurait pu être moins sympa et les faire virer d'office, tout simplement... Mais elle ne l'avait pas fait. Ils avaient donc leur chance de se rattraper, non? Finalement, à présent avec leur seau plein du reste de leur matériel dans une main et leur balai dans l'autre, ils étaient à nouveau "opérationnels" pour se remettre au boulot. Seulement, on pouvait s'attendre à tout, à présent, et le pire même était permis... Tandis que les deux recrues se remettaient en marche pour suivre la vieille femme là où elle les emmenait, Takashi se décida à s'enquérir de l'endroit en question ; lui et son ami ne demeuraient pas vraiment rassurés à l'idée de ce qui les attendait...

Et... Où est-ce qu'on va, Oba-san?

[ Je crois qu'Adélie a entendu, mais elle est partie sans demander son reste... Elle non plus n'est pas super courageuse !]

Tsuru leva un sourcil en entendant la demande de Takashi. Elle hésitait... Allait-elle leur révéler leur destination dès le début ou les ferait-elle mariner dans leur angoisse? Un petit ricanement qui ne disait rien qui vaille sortit des tréfonds de son antique poitrine.

- Vous verrez bien, vous verrez bien... Enfin, je vous préviens, vous n'aurez pas affaire à ce genre de défi tous les jours, aujourd'hui c'est service spécial pour les fortes têtes! On a un ptit bug, c'est le cas de le dire, au niveau des grands huits. D'habitude, je m'en charge seule, mais puisque vous m'avez retardée, bougres d'andouilles, vous allez devoir mettre la main à la pâte.

Puis, elle jeta un vague coup d'oeil à leur tenue. Bien sûr, ils venaient à peine d'arriver, alors ils ne devaient pas en avoir... Mais ça ne coûtait rien de demander.

-Hum... Est-ce qu'on a déjà mis des masques à votre disposition, les gosses?

Oui, parce que sans masque... Ils risquaient au mieux de tomber dans les pommes, au pire de s'asphixier en avalant ce qu'ils devaient nettoyer ( désolée, je garde le suspens... ) Elle-même était plus ou moins immunisée, mais bon c'était sa nature magique qui voulait ça... Et puis, elle voulait juste les secouer un peu, pas les rendre inaptes au travail!

Puis, comme ils avaient l'air un peu perdus et que, il est vrai, l'atmosphère festive du parc pouvait prêter à confusion, elle précisa :

- Pas de masques de carnaval, bien entendu, des masques un peu comme ceux que vous portez pour vous protéger de la poussière ou du pollen...?

Euh... Des masques?

Ah, ouais, ouais, attendez...

À cette question de la grand-mère, Osamu et Takashi se mirent aussitôt à fouiller dans leur seaux où ils avaient fourré tout leur matériel en vrac, assez gauchement, sans cesser de marcher. Au bout de quelques secondes de fouilles, ils tombèrent, en même temps, chacun sur leur masque, et quasiment d'un même geste, le sortirent pour le relever à peu près au niveau de leur visage, le montrant ainsi à Oba-san avec une même expression... Pour le moins inexpressive, à vrai dire. Un peu ahurie peut-être. Mais ils étaient comme ça... Au moins ils avaient leur masque... Et ils avaient réussi à le trouver, c'était déjà beaucoup venant de deux idiots pareils. *SBAF* Nous sommes méchants. XD JE suis méchante plutôt... Ceci dit, à présent, d'autres questions venaient se poser dans la tête de nos deux lascars. À quoi ça pourrait bien leur servir, ces masques? Ils allaient dans un endroit dangereux...? Les scenarii complètement fous s'amoncelaient déjà dans le crâne tordu d'Osamu... On ne vous en donnera pas les détails pour cette fois, ça vaut mieux. Cependant Takashi pouvait bien le sentir, tout ce qui se passait dans la tête de son ami en ce moment même, et il préféra couper court vite fait à ces divagations en posant l'une de ses grandes mains sur l'épaule d'Osamu en serrant un peu, sans même prendre la peine de le regarder, soupirant tout juste droit devant soi, habitué à ce genre de situations, ou plutôt à ce genre de réactions de la part de son camarade...

La poussière, Osamu. Sûrement la poussière...

Ah... Oui... Tu as raison...

Le petit binoclard soupira doucement de soulagement. Sûr, Takashi-kun avait sûrement raison, plus que lui en tout cas... Le plus petit des deux se tourna donc vers son ami avec un petit sourire un poil moqueur :

Mais dis donc, tu vas avoir les cheveux tout sales, alors, toi, si tu fais pas attention!^^

Dis donc, je t'ai rien demandé, crâne d'oeuf!

Eh! Je suis pas un crâne d'oeuf!

Situation de dispute —sous cape tout de même, il s'agissait de ne pas trop provoquer encore plus la colère de leur patronne— ; ça aussi, c'était habituel. Ceci dit, Takashi n'avait pas très bien pris que son ami traite ses propos, censés être rassurants et désintéressés à la base, avec tant d'ingratitude en se fichant de sa poire en retour. "Takashi-kun, tu vas te salir les cheveux" étaient une moquerie assez stupide qui revenait assez souvent dans la bouche du bigleux, et que Takashi prenait plutôt excessivement mal. Il est vrai en même temps qu'Osamu pouvait parler, lui qui avait les cheveux tout ras... Il risquait moins gros... Bon, ce n'était pas pour autant qu'il était un "crâne d'oeuf", mais il fallait bien se venger, à la guerre comme à la guerre...

Tsuru ronchonna en les voyant déranger à nouveau que qu'ils venaient de ranger dans leur seau. C'était plus fort qu'elle, la saleté, le désordre, la pagaille... Elle détestait ça! Et en plus, c'était un peu de sa faute, puisqu'elle aurait du penser à s'enquerir de leur matériel avant qu'il ne soit hors de portée, et ça la mettait encore plus en rogne.

Mais, oh, miracle! Ils avaient ce qu'elle demandait. Eh bien, c'était parfait, ça lui épargnerait un détour par le placard à balais ( nom très élogieux qui circule pour désigner la salle du personnel d'entretien... ). Une fois n'est pas coûtume, la vieille femme les gratifia d'un sourire tout ridé.

- Impec'! Je me demanda qui a eut la bonne idée de vous passer ça dès le début, cette personne doit avoir des dons de voyance, pour penser que vous en auriez besoin dès vot'pemier jour !!

Cette personne n'était en réalité autre que Tsuru elle-même, mais soyons indulgents pour nos ancêtres les Gaulois mémés, qui sont si adorables au demeurant... Mais ce bref instant de bonne humeur ne dura qu'un instant et laissa place aussitôt à l'air déterminé du croisé qui part pourfendre l'Infidèle.

En avant, ennemis de la poussière, chevaliers de la propreté !( Rita Mitsoukooo )

Fut son cri de guerre, tout intérieur, naturellement. Mais, alors qu'elle se mettait en branle, la vieille femme ouït un brin de conversation entre les deux bleus. C'est vrai que l'un d'entre eux n'avait pas un poil sur lcaillou, et que par là, ben y craignait pas grand chose... Mais l'autre!

Encore une fois, Tsuru, marmonna dans sa barbe et farfouilla dans son tablier. Elle en sortit un grand foulard à fleurs mauves sur fond bleu de Prusse. Très élégant. Pour une femme d'un certain âge, très élégant. Peut-être moins pour un ado de sexe masculin...

- Allez, mets-moi c'te fichu sur le crâne, et qu'on en parle plus! C'est pas vrai, j'ai l'impression que je perds encore plus de temps à vous faire travailler qu'en vous remplaçant!

Tiens, le fait qu'ils aient effectivement leurs masques avait eu l'air de satisfaire la "nettoyeuse en chef", qui venait de gratifier ses deux jeunes collègues d'un sourire. Bon, ça n'avait pas duré très longtemps, mais c'était plutôt rassurant, non? Ceci dit, ils s'étaient réjouis trop vite, du moins Takashi s'était réjoui trop vite en tout cas... Car une autre mauvaise surprise attendait le grand dadet.

Q... Quoaaaah?!

Oui, ni plus ni moins, Takashi avait ouvert une bouche digne d'un personnage de cartoon. —Il faut dire que pas mal de leurs comportements, à ces deux-là, étaient dignes de personnages de cartoon, mais ne nous éternisons pas en détails inutiles au demeurant.— La grand-mère venait de lui sortit sous les yeux un foulard à fleurs qu'elle voulait qu'il mette sur la tête, ayant apparemment pris les plaisanteries à demi-mot d'Osamu au sérieux...

V... Vous voulez quand même pas que je mette ça, Oba-san?!

Oh, je t'en prie, discute pas.

Traitant, pour le coup, Takashi un peu comme s'il était sa mère, Osamu s'empara lui-même du fichu de Tsuru-san et l'attacha par l'arrière sur la tête de son grand camarade, d'un geste vite-fait-bien-fait mais en faisant un noeud qui tenait tout de même. Bon... Avec le foulard sur la tête, Takashi avait l'air pas mal ridicule, et si Osamu avait eu pendant un court instant l'air sérieux, à présent, il ne pouvait retenir un petit rire... Qui n'allait pas tarder, probablement, à exploser en ces grands "HA HA HA" qu'il était capable de lâcher.

Hi hi hi! Ce que t'es beau comme ça!

Arrête de rire! C'est franchement dégradant...

J'te jure! Ça te va comme un g... AHA HA HA HA HA HA!

...On vous avait prévenus, hein...^^" À présent Osamu était parti, et se mettre la main devant la bouche ou se retenir les côtes ne servirait à rien, il était lancé et ça ne s'arrêterait pas avant un moment... Sauf si on y allait de la manière forte pour le faire s'arrêter, ce qui s'avérait assez efficace, mais on n'en est pas encore là. Haussant les épaules dans un mouvement désespéré, Takashi préféra le laisser rire derrière, et tenta de son côté sa chance auprès de leur patronne pour essayer de négocier cette histoire de port du foulard à l'amiable...

Mais, Oba-san, en plus, il a l'air plutôt... Cher, ce foulard... (Non, il n'avait pas trouvé de meilleur mot, le crétin.) ...Ce serait encore plus mal si c'était ça que je salissais au lieu de mes cheveux, si on y réfléchit, non?

[ J'adore l'argument de Takashi, qui ne peut pas trouver d'autre mot que "cher". Il doit le trouver vraiment affreux, ce foulard... ]

Tsuru-san regarda la scène avec un air mi-figue, mi-raisin. Hmrbr, bien sûr, c'étaient des gosses. Elle, les questions de mode, tout ça, ça ne lui faisait ni chaud ni froid... Elle regarda d'un oeil vide l'échange hautement comique entre les deux jeunes. Terrible, on aurait dit qu'ils le faisaient exprès ces deux nigauds... Bon, au moins, le chevelu avait mis le foulard.

...Queuwah? Il disait quoi, là? La vieille femme, bien sûr, n'aurait pas fait de mal à une mouche, mais elle n'était pas non plus réputée pour sa délicatesse. Elle avança une paluche toute crevassée par le labeur de centaines ( voire de milliers ) d'années et donna une petite tape sur l'arrière du crâne d'Osamu, histoire d'atirer son attention. Sa voix était encore plus sèche que ses mains :

- Vos gueules, les mouettes! C'est mon foulard qui vous amuse?!

Puis, elle regarda l'autre grande perche d'un air peu amène. En d'autres circonstances, elle aurait peut-être rit avec eux. En d'autres circonstances, elle leur aurait peut-être raconté l'histoire incroyable de ce bout de tissu qui avait traversé avec elle tous les océans du globe. Mais la colère divine n'avait pas encore quitté la grue revèche...

Un simple coup d'oeil lui évita la peine de demander à Takashi de se répéter. Il ne voulait pas mettre le foulard, elle l'avait bien compris, et il devait essayer de se justifier... Ah, ces jeunes, incapables de faire confiance à l'expérience de leurs aînés...

- Bon, bon, t'es pas non plus obligé de le mettre de suite, ça peut attendre qu'on soit sur les lieux. Mais tu changeras d'avis quand tu verras à quoi on a affaire... Ces derniers temps, y'a pas que le climat qui s'détraque...

Et, sans accorder plus d'attention à ce problème fort mineur de son point de vue, la vieille femme tourna les talons et fit signe aux deux autres de lui emboîter le pas sans plus tarder.

Évidemment, si elle avait écouté véritablement les paroles de Takashi, elle aurait pu réaliser qu'il y avait un léger malentendu. Dire qu'il croyait qu'il s'agissait d'une simple question de propreté... Un crâne chauve, ça se salit aussi non? Mais Tsuru, alias le tank électro-ménager, ne se donnait pas le luxe de s'informer du comment et du pourquoi des autres. Question : réponse, point.

Ow...

Et nos deux gugusses de service suivaient Tsuru-san en silence, estimant cette fois qu'il serait plus judicieux, effectivement, de la fermer et d'obéir. Comme ils l'avaient toujours fait, après tout... C'était encore ce qu'il y avait de mieux à faire, décidément... Osamu, qui s'était pris une tape à l'arrière de la tête et une remontrance, ne se sentait plus l'envie de rire du tout, de toutes façons. Il se frottait à présent l'arrière de son crâne aux cheveux ras en faisant une légère grimace, et en lâchant de temps en temps un gémissement à peine perceptible. On se plaint pour la forme, mais pas trop quand même sinon on se fait des ennemis, quoi... En gros... Takashi, quant à lui, était plutôt content de ce qu'on lui avait dit, et avait en effet pris les propos de Tsuru-san comme une autorisation à enlever ce foutu foulard de la tête. Avec un léger sourire satisfait qu'il ne pouvait retenir, il avait défait le noeud qu'Osamu avait fait de force un moment plus tôt, et avait retiré l'effet personnel de leur supérieure de ses cheveux, les laissant toujours autant en bataille que d'habitude. Néanmoins, il ne s'était pas débarrassé du foulard, et le gardait négligemment sur ses épaules —ça faisait toujours pas mal ridicule, mais déjà un peu moins—, l'air résigné à devoir le porter plus tard.

D'ailleurs, les avertissements de Tsuru-san quant à ce qu'ils seraient forcés de faire semblait les avoir suffisamment marqué pour leur couper toute envie d'ouvrir leur clapet à nouveau. À présent, les deux compères commençaient sérieusement à avoir la trouille. Qu'est-ce que Tsuru-san voulait dire par "y a pas que le climat qui se détraque", quelle était cette chose qui exigeait d'eux qu'ils portent des masques pour la nettoyer? Oui, à présent, même Takashi commençait à ne plus trop croire à cette histoire de poussière. Et si c'était... Encore plus embêtant que ça, hein? Et si c'était carrément un truc face auquel il risquaient gros? Woah, le métier de balayeur avait ses côtés extrêmes, lui aussi...

Takashi-kun... Tu crois qu'on va mourir?

Mais non, bêta, on va pas mourir, t'exagères. Ceci dit... J'avoue que je suis pas très rassuré, moi non plus...

...Oh, ne me demandez pas comment ils font pour lire dans les pensées l'un de l'autre. Je crois bien qu'ils ne le savent pas eux-même, je me demande si ce n'est pas un jeu entre eux ou quelque chose... *SBAF* Whatever. Ce sont des gars "normaux", hein, soyez-en assurez, ils ne pratiquent pas la transmission de pensée au sens propre du terme! Ça s'appellerait plutôt de l'empathie...

[ T'inquiètes, rien de bien mortel! Enfin, s'ils gardent leurs masques, mais Tsuru a son brevet de secourisme! En attendant, je te propose de poster au niveau des grands-huits ou montagnes russes, puisque c'est là que l'épreuve doit se dérouler ( ça fait un peu rite initiatique ). Je mets quand même une petite transition... Et je poste là-bas! ]

Tsuru était partit en trombe, fidèle à son tempérement explosif, puis ralentit et jeta un regard en arrière pour voir si les troupes suivaient. Tant bien que mal, oui. Bien sûr, ils n'avaient pas sa pratique de la randonnée harnachée d'ustensiles ménagers, sport de haute volée qu'il n'est donné qu'à une infime partie d'élus de maîtriser, et à chaque pas ils faisaient tanguer leur seau qui résonnait contre leur balai.

Et puis, il devaient sans cesse vérifier que rien ne s'était perdu en chemin, ce qui retardait encore leur avancée. Tsuru soupira. Au moins, ils s'inquiétaient du devenir de leur matériel... Elle remarqua tout de même d'un air satisfait que le plus grand avait gardé le foulard sur ses épaules, prêt à le mettre quand cela serait nécessaire.

Elle se retourna et continua sa marche impitoyable, un léger sourire aux lèvres. On pouvait ptet en tirer quelque chose, de ces deux gosses, finalement... Incorrigible optimisme!!