Nom : Elle n'en possède pas... Akizuki-le-Vieux lui a octroyé celui de Bakamono, par basse moquerie, et c'est là bel et bien ce qui est marqué sur sa carte d'identité, faite sur le tard...
Prénom : Tsuru.
Il va de soi qu'en japonais, le mot grue n'a pas du tout le sens péjoratif qu'il peut avoir les langues occidentales ( l'allemand excepté ).
Autrement connue sous le nom de : Oba-san, voire-chan, par tous ceux qu'elle connait depuis tous petits ou des inconnus trop familiers.
Elle est aussi renommée en de très lointaines contréescomme "la sorcière du placard à balais". Pas celle qui hante la rue Mouffetard, non, cette légendaire bonne femme qui, comme la befana, distribue des cadeaux aux enfants sages et apporte la joie dans les foyers. Un passé tout ce qu'il a de plus criminel, dont elle ne garde aucun souvenir.
Les milieux initiés retiennent plutôt le nom de Edwige, der ewig Kranig, qualifiée de "saubereste Zauberin".
Sexe : Féminin
Âge : Dit être la doyenne du parc, mais avec tous ces êtres dépassant la longévité humaine, on peut douter de cette affirmation... Pour tout dire, elle ne se souvient pas de son âge et ne possède pas d'acte de naissance. Il n'existe pas une personne en ce monde qui puisse prétendre l'avoir connue jeune, même l'ancien directeur ( paix à son âme!).
On dit que les grues peuvent vivre plus de mille ans...
Emploi dans le parc : Femme de ménage spécialisée dans l'occulte ( elle s'occupe de nettoyer ce qui ne doit pas laisser de trace...), c'est elle qui dirige l'équipe de nettoyage et répartit les tâches.
Magie : Elle la pratique, oui, mais une magie du quotidien même si celle-ci est très puissante. Elle a le pouvoir assez étrange de donner vie aux objets ( elle entretient à l'occasion des conversations passionnantes avec eux, ce qui la fait passer pour une vieille timbrée, le coup classique. On envisage rarement qu'elle puisse vraiment PARLER avec eux ).
À vrai dire, il ne tient qu'à elle de faire de ce pouvoir anodin une machine à tuer, mais ce n'est pas dans sa nature. Tsuru éduque, donc elle peut utiliser ses pouvoirs pour faire le "mal", mais c'est toujours en vue du "bien" ( notions toute relatives...). Elle s'y connait aussi dans des milliers de petites astuces magiques ou non qu'elle regroupe sous le nom de « trucs de grand-mère ». L'exorcisme en fait partie tout comme le secret pour que la tartine ne tombe jamais côté beurre ( c'est dire si c'est large ).
Il lui est arrivé de prendre la forme d'oiseaux échassiers, mais cela fait si longtemps qu'elle ne sait plus si c'était en rêve ou si cela lui est bien arrivé...
On a pu également considérer que sa pêche extraordinaire pour son âge ( mais comme il nous est inconnu, peut-être devrait-on dire « pour l'âge qu'elle fait » ) comme quelque chose de magique en soi...
Traits Physiques :Elle est extrêmement ridée, bien sûr, mais si les rides sont les traces de nos expressions, celles de Tsuru montrent un caractère jovial( les pattes d'oies, chers amis ) mais autoritaire et énergique. Ses yeux sont devenus d'un bleu translucide à force de vieillir, et lui donnent un air tantôt candide, tantôt sagace. Ce regard clair et limpide qui parfois se perd dans le lointain a pu faire croire à certains qu'elle était aveugle. Elle a au contraire une excellente vue pour une femme de son âge, puisqu'elle n'a nul besoin de lunettes. Ses cheveux ont blanchi depuis longtemps, d'un blanc là encore extrêmement pur.
Sa peau, en revanche, est un peu plus foncée. Il serait faux de dire qu'elle est bronzée, mais elle possède le tan du travailleur. Et pourtant, elle est extrêmement douce malgré son apparence rugueuse, comme si le temps l'avait polie et émoussée. Tsuru se tient toujours un peu voûtée, ce qui ne l'empêche pas d'être assez grande. On imagine la taille qu'elle devait faire dans sa jeunesse... Elle est aussi un peu enrobée, mais tout ce qu'il y a de plus normal pour une personne âgée. Plutôt que de dire qu'elle est volumineuse, les personnes qui l'apprécient diront qu'elle est « confortable ».
Elle n'est pas épargnée par les petites misères de la vie ( rhumatismes et autres joyeusetés) elle reste très vigoureuse... Somme toute, dans sa vie de tous les jours, elle a l'air d'une petite vieille tout ce qu'il y a de plus normal.
Goûts vestimentaires : Elle est toujours coiffée, que ce soit d'un chapeau ou d'un foulard. Ce n'est pas religieux, non, c'est juste une coutûme qui lui est chère ( comme toujours, il est dur de savoir si elle vient d'une autre époque ou d'un autre pays, voire les deux). Elle est toujours en habits de travail, c'est-à-dire soit son éternelle robe noire de domestique ( n'allez surtout pas confondre avec une robe de maid, Tsuru déteste tout cequi est fanfreluches ), soit le costume du moment, mais il est rare qu'on se donne la peine d'en faire pour les nettoyeurs...
Seul le dimanche fait exception, où elle sort des robes venues d'une autre époque. Le pire, c'est que tous ces vêtements ont une histoire et que si vous commencer à lui poser des questions, vous risquez d'y passer plus que la journée...
Goûts culinaires :
Elle n'apprécie pas particulièrement ce qui est sucré mais transporte souvent dans son ample robe de travail des friandises pour récompenser les enfants sages ( et gourmands ).
Ce qu'elle aime, vraiment, c'est le poisson. C'est plus fort qu'elle, surtout le poisson frais... Il faut dire que pour ça, le Japon est vraiment le pays rêvé! Comme beaucoup d'esprits domestique ( ce qu'elle n'est pas, mais elle s'en rapproche ), elle exige pour seul salaire un verre de lait. Bien entendu, ses employeurs auront toujours la grâce de la loger ( ou s'exposent à des représailles fracassantes ) ... Elle n'a pas vraiment besoin de se nourrir, mais le poisson, ah... C'est son péché mignon, elle n'y peut rien.
Caractère : Une tornade, hyperactive, autoritaire, maniaque... Les tâches domestiques, c'est son rayon, une vraie fée du logis! Elle en a besoin, elle les aime, elle les adore au point de chanter en travaillant quand elle est seule ( comme Blanche neige, mais en moins séduisant ). Elle sourit beaucoup, mais elle ne rira jamais. Non qu'elle n'en ait pas envie, mais c'est un pli qu'elle pris au service des Akizuki : ça fait partie du décorum.
Elle a tendance à bousculer un peu les gens, mais c'est aussi sa manière de s'occuper d'eux : elle se sent un peu comme la grand-mère universelle et elle sera toujours là pour écouter les gros chagrins et donner des conseils ( pas toujours très recommandables, surtout ses techniques de drague... ). Elle adore rendre service, mais elle n'aime pas les ingrats, ni les grincheux. Si les seaux vous pleuvent sur la tête ou que les éponges en veulent à votre joli minois, c'est qu'elle ne vous trouve pas assez poli...
Son passé sombre ressurgit dans ces moments de rancune extrême... Car si la sorcière du placard aux balais aime à récompenser les enfants sages, elle aime aussi punir les insolents. Feu-Akizuki en a fait l'expérience plus souvent qu'à son compte...
Histoire : Dire qu'elle est une des premières employées du parc serait mentir. Elle est sa première employée, tout simplement parce qu'elle avait été auparavant la nourrice, puis la gouvernante du grand-père Akizuki. Elle est restée à son service tout ce temps, tel un chien ou un majordome fidèle.
Elle était déjà au service de la famille Akizuki depuis quelques générations, et cette lignée de magiciens avaient accueilli cette légende vivante sans poser de questions avant de s'apercevoir qu'elle était de toute évidence amnésique. De père en fils, ils avaient toujours été des sorciers doués mais conventionnels, jusqu'à la naissance du grand-père de l'actuel directrice.
Ce gamin était plein de vie, un vrai petit diable, Tsuru avait eu du mal à l'élever. Mais il avait un coeur en or, c'est pourquoi malgré leurs incessantes chamailleries, il avait toujours été son favori.
Un jour où, comme à son habitude, elle récurait l'argenterie en papotant avec les fourchettes, des portes claquèrent à l'atge supérieur et elle vit descendre à toute vitesse et en grand fracas son protégé, deux valises sous les bras, le visage rouge de colère et les cheveux ébouriffés. À en juger par les imprécations qui pleuvaient de la rambarde du premier étage, il s'était encore disputé avec son père à propos de son avenir et en particulier de l'avenir du pays.
Elle n'attendit pas qu'il eut fini de dévaler les marches pour s'avancer vers lui à petits pas de souris et lui dire de sa voix éraillée par l'inquitéude :
- Mais vous partez, Kyosuke-chama?Il l'avisa avec suprise. Puis son visage repris son habituel sourire en coin :
- Mais non, Baaaka Baba! Je vais juste promener mes valises sous la tonnelle!Pour une fois, elle ne lui rendit pas son sourire. Elle fronça juste le sourcil, et continua comme s'il n'avait rien répondu :
- Tu sais où aller au moins? Tu as de quoi te loger?Il la considéra d'un oeil amusé. Voilà qu'on le chassait de sa famille, comme un malpropre, et il n'y avait que cette bonne vieille domestique pour regretter son départ.
- Ne t'en fais pas va, j'ai la fougue de la jeunesse, Baba-chan!Et il lui colla, sans plus de manière ( sans doute la seule personne avec qui ce jeune homme de jeune famille pouvait agir ainsi ) un petit bécot sur la joue. La vieille soupira et le laissa partir en grommelant :
- C'est ça, joue avec mes pauvres nerfs! Tu ne m'auras pas comme ça, jeune paltoquet!Il réussit sans trop de mal à se trouver un petit emploi qui lui permit très vite de partir à l'étranger, écoeuré par la montée nationaliste et militariste du Japon de cette époque. Mais une fois parvenu en Angleterre ( où il avait fait une partie de ses études ) et installé chez des amis, il n'eut de cesse de se sentir poursuivi par toutes sortes d'oiseaux étranges. Et souvent, alors qu'il tournait la tête pour les suivre du regard, il tombait sur une bonne affaire ou évitait un accident dangereux.
Il avait fait des études de droit, et ne tarda pas à se trouver un logement qu'il pouvait financer grâce à des revenus réguliers. Il partit alors de chez ses amis et emménagea dans son nouvel appartement.
Il prit possession des leiux avec fierté et inquiétude. Il possédait enfin un espace à lui, mais comment allait-il se débrouiller pour toutes les tâches ménagères? Il faudrait embaucher quelqu'un? Il se demandait comment trouver la perle rare lorsqu'une odeur discrète vint le titiller de depuis la cuisine ( minuscule ). Il avança sur la pointe des pieds, et entrebailla la porte.
Tsuru était là, comme au bon vieux temps, et elle s'était visiblement mise à la cuisine occidentale, une casserole de poridge fulait sur le feu ( Kyosuke ne pouvait pas savoir qu'en réalité, elle connaissait déjà... ).
- Que... Quoi?! C'est pas vrai, Baba, t'étais cachée dans ma valise ou quoi?Elle tourna la tête, à peine perturbée, son éternel regard réprobateur sur le museau.
- Et alors? C'est plus permis de venir rendre visite à son gamin? Non, tss, regardez-moi l'état de ce pauv'pars, c'est plus un jeune homme, c'est une arrête de poisson! Et elle tira affectueusement sur les joues de Kyosuke, qui fit la grimace. Il avait du mal à décieder de ce qu'il voyait : était-ce un rêve ou un cauchemar?
- Écoute, je prends pas de place et je demanda pas d'argent, juste un verre de lait tous les soirs, posé sur la fenêtre et ton logis sera toujours propre comme un sou neuf, tes habits lavés, repassés et ton assiette remplie à chaque repas. Franchement, tu vas chercher lontemps avant de me trouver de la concurrence.Passé l'instant de suprise, le jeune homme ne tarda pas à reconnaître qu'elle était dans le vrai et la prit dans ses bras, dans un élan de reconnaissance filiale :
- Ehhh?! Baba, je crois que tu devrais éteindre le feu, y'a un truc qui crépite, là...- Que nenni, petit impudent! C'est ma colonne vertébrale que tu fais chanter, à me serrer comme un pressoir...Il s'écarta en riant et ils passèrent à table. Pour la première fois, il mangeait assis avec cette femme qui pourtant avait toujours veillé sur lui depuis sa naissance... Elle avait l'air tout d'un coup très timide. Il voulu la mettre à l'aise :
- Tu veux quelque chose, Baba? Du sel, du poivre? Oh, excuse-moi, je te propose ce que je n'ai même pas encore.- Du poivre dans mon porridge? Tu veux ma mort, ou quoi? Jte préviens, y'a pas d'héritage à la clé, tu vas juste perdre ta seule aide ménagère, mon ptit. - Bon, qu'est-ce que tu veux alors?- Jme demandais si... C'est pas grave, hum, enfin, si ça t'est pas trop pénible...Le jeune homme la regardait minauder comme une jeune fille, le rouge aux joues. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien vouloir lui demander? Pas de l'épouser quand même? ( elle lui rappelait souvent pour rire qu'il lui avait fait une demande en mariage quand il était tout petit, à l'âge où, parait-il, tous les petits garçons veulent épouser leur mère...).
Il la regarda avec angoisse. Et si elle lui demandait son premier né, ou un truc glauque comme ça? Car, plus il en apprenait sur sa vieille nourrice, plus il avait l'impression de se retrouver dans un conte de fées...
- De temps en temps, tu pourras faire un crochet à la criée, pour moi?-...Ehh?- Je... J'aurais bien aimé un peu de poisson frais, pour relever l'ordinaire...- Ahhhh.... Hahaha! Bien sûr, bien sûr, Baba!!Et il finit ce repas avec bonne humeur, comme il finit tous les repas que lui cuisina Tsuru dans les cinquantes années qui suivirent. Elle le suivait dans tous ses déplacements jusqu'à ce qu'il revienne s'intaller au Japon après la guerre. Elle devint alors une sorte de gardienne du foyer,l'esprit de la maison Akizuki.
Elle aurait pu alors se faire oublier si cela avait été le désir du jeune homme, mais tel n'était pas le cas. Elle était désormais sa seule famille, les Akizuki avaient tous péri dans les bombardement ou lui gardaient une rancune telle que tout contact était impossible.
Tsuru remplaça donc son père pour le conduire à l'autel et devint la maraine et la gouvernante de tous ses enfants. Cependant, lorsque naquit la première de ses petites filles, elle refusa de perpétuer la tradition qui voulait qu'elle quitte une génération d'Akizuki pour la suivante.
- Ta petite fille est un ange, gamin, mais je pense que tu as encore besoin d'une nourrice. Surtout depuis que tu t'es mis en tête ces idées de parc d'attraction...- C'est sérieux, Baba ! C'est ce que je voulais faire déjà tout petit, tu te rappelles?Il y avait quelque chose d'assez incongru à voir un vieil homme appeler une femme en apparence aussi âgée que lui "Baba". Tsuru eut un sourire d'une grande douceur, qui démentait ses propos moqueurs :
- Oui, oui, et tu voulais m'épouser aussi, me dit pas que t'en rêve encore, mon ptit vieux, parce que c'est non!( Elle mis au goût du jour son gamme de surnoms, elle...)
Elle poursuivi sur un ton moins incisif.
- Je pense bien que c'est sérieux, Kyosuke, sinon, je ne t'aurais pas donnné un ptit coup de main...- Tss... Je disais aussi qu'il y avait souvent des grues et des hérons pas loin du chantier... Calme-toi un peu, un ouvrier a failli me faire une crise cardiaque en voyant des clous se planter tous seuls!. Je sais bien que tu en es à peine aux plans, mais tu auras bien besoin d'une femme de ménage! On a toujours besoin d'ordre et de propreté, surtout quand on veut rendre les gens heureux...- Ça , ça ne se discute pas, ma vieille amie! Tu es des notres, bien sûr.Tsuru arbora alors un air de triomphe qu'elle avait rarement. Depuis ... le temps ( elle ne savait pas combien exactement ) qu'elle s'occupait de simples foyers, elle allait avoir des choses nettement plus palpitantes à récurer!
- Dis donc, Kyo-kun...- Qu'y a-t'il, Baba?- J'avais parlé du ménage, mais pas de baby-sitting!- Tu parles de Pelleas-kun?-Oui, le fils de tes amis anglais, là, ce gamin renfrogné qui attire les spectres et qui dessine tout le temps des manèges depuis que tu lui as dit que tu étais en train de construire un parc...- Mais il est adorable, cet enfant, et sage comme une image!- Il me dit jamais bonjour.- Eh? On entendit un bruit sourd dans une pièce à côté et un hurlement d'enfant. Le vieil homme jeta un regard oblique à Tsuru.
- Quoi? Je lui apprends les bonnes manières, c'est tout! T'es passé par là toi-aussi!- Oui, eh bien prends soin de ton nouveau collègue...- ... Quoi, mon collègue, ce minus? Pfuh! Dans cent ans peut-être... Il ne sait même pas moucher son nez correctement.- Peut-être, mais il a de sacrés bonnes idées! Est-ce que... Tu ne pourrais pas..?C'était au tour de Kyosuke de minauder comme une jeune fille.
- Bon, abrège, je dois faire les vitres, et après je retourne au chantier.- Eh bien, peut-être que si tu réglais son petit problème, il serait plus poli?Tsuru lui décrocha un regard furieux et partit dans un fracas abominable.
Le lendemain, le gamin sorti de sa chambre et parla pour la première fois. Il resta très bref.
- Ohayo, Tsuru-san, ohayo, Akizuki-san.- Tch! tu peux m'appeler Baba, gamin. Pose tes fesses et mange!- Hum. Je... je vais manger alors... La commode...- Oui, t'inquiète, elle tiendra sa langue, cte pipelette. À condition que tu restes à careau, bien sûr!- Oui.... Merci, merci beaucoup!Kyosuke regardait la scène avec amusement. Finalement, elle se retrouvait encore à former la génération suivante, cet infatigable astiqueuse! Il esperait qu'elle finirait quand même par aider ce pauvre Pelleas avec ses fantômes...
Et ainsi commence la légende de la tortionnaire des tire-au-flanc...
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