[Libre] L'attaque de la volaille ~

11:27 précises du matin, le parc est en effervescence. Un frêle petit oiseau se pose sur le toit clair d'une boutique près de l'entrée.

Si j'ai opté pour un tel réceptacle, c'est parce que le parc doit probablement être fermé la nuit, ça ne m'avancerait pas à grand chose. Par conséquent, allez me trouver un humain inconscient en pleine journée. Certes, à 11 heures et demies, doit y avoir des adolescents qui pioncent encore. D'accord, d'accord, si j'ai choisi un piaf, c'est parce que c'est le plus discret et parce que j'avais surtout la flemme d'aller exprès voir un ado. De toutes façons, je ne comptes pas faire d'emplettes inutiles ou participer à des attractions ennuyeuses et sans grande fantaisie. Néanmoins, il y en a toujours un pour protester, c'est dingue ça.

*Tchiip, pchiip, chiip*
*Oh, ça va hein ! Ce n'est qu'un emprunt*
*Pchiip, chiip*
*Si même les oiseaux protestent, maintenant où est-ce que j'irai pour avoir la paix, moi ?*
*Chouip, chouip*
*Ah non, alors ! Ce serait la troisième fois cette semaine ! Oh, chut, tais-toi !*
*Pchiip*
*D'accord, "arrête de penser", si tu préfère.*

Bref. N'empêches qu'à force, j'avance pas dans mes recherches moi. Ce parc commence à m'intriguer sérieusement. Boh, y'a autant de monde à Disney Land et c'est pas pour autant que c'est si hors du commun là-bas. N'empêches qu'au moins, Disney Land il était pas aussi crédible que moi, et il me piquait pas mes "clients". Il me faut un interrogatoire. Le problème, c'est je vois mal les gens répondre à un oiseau parlant. Alors je regarde aux alentours et je fais au hasard pour voir qui aura l'infime honneur de me prêter son corps deux petites minutes. J'aurais qu'à l'assommer d'un coup et voilà, problème réglé.

*Bon alors... "une boule en or c'est toi qui sort". Là !*

Et voilà un oiseau qui file sa proie, jusqu'à ce qu'elle passe devant un petit coin sombre entre deux bâtisses. Avec la foule, c'est le moment où jamais, personne ne remarquera. Je descends donc en piquée... et je manque de peu la fameuse personne, m'étalant lamentablement au sol dans cette fameuse ruelle, en une belle glissade de quelques centimètres. Bon j'ai réussi à lui frapper dans le ventre d'un bon coup d'aile, mais de là à ce qu'elle soit assommée, j'en suis loin.

- Et m*rde, il a la vue qui baisse ce volatile, serait temps de lui acheter des lunettes. Oh, l'humain.

Et voilà, encore un satané humain qui me regarde avec de grands yeux. Ouais, je sais que j'ai un peu essayé de le faire tomber dans les pommes un peu plus tôt, mais quand même ! On a l'impression que c'est la première fois qu'il... Oh, ouais, c'est vrai. C'est sûr que je dois être le seul oiseau parlant à des kilomètres à la ronde - à moins que ces fichus Akizukiens m'aient encore piqué cette idée. Je me relève sur mes deux pattes, mon colocataire étant bien trop choqué pour manifester sa douleur. Car oui, je suppose que cette chute ne lui a pas été bénéfique, il a même une aile tordue. Et je fixe mon ancienne victime d'un œil réprobateur au possible - parce que vous vous doutez bien que les oiseaux en sont difficilement capable.

- Quoi ? J'ai quelque chose sur le bec ou quoi ?

Celui-ci jouant les incrédules, je reprends de mon effronterie légendaire en me dandinant pour accentuer le grotesque. J'ai déjà assisté à ce genre de réactions des milliers de fois.

- Oui, oui, c'est moi qui te parle, Luc Skywalker, et je suis ton père ~

HJ : Bon, ben je débarque, ça me fera faire une véritable entrée pour mes deux nouveaux... (Tiens, le présento est là, au cas où tu veuilles te faire une idée.) Vire-moi si je dérange!~!



Ah... Oh...

Pour l'instant ce sont les seules paroles dont l'être humain en question est capable... Tu m'étonnes, un oiseau qui l'attaque, déjà, ça fait comme dans le film, c'est pas très rassurant. Mais alors, si l'oiseau se mettait à parler en plus, là, y avait carrément de quoi se poser des questions! Le premier réflexe d'Osamu, ça avait été de se pincer, de se toucher le visage à plusieurs reprises, pour vérifier s'il n'était pas en train de rêver ou s'il n'était pas devenu complètement taré. Non, il était bien là, il était encore vivant, et cet oiseau pourtant continuait de lui parler. C'était pas la faim ou la soif, parce qu'il n'avait rien ressenti de tel pour l'instant, et il n'avait rien mangé non plus d'hallucinogène... Ce genre de truc, c'était bon pour les repas de Takashi, pas les siens.

Qu'est-ce qu'il fait là, le jeunot, à s'agripper à son balai, non-loin de cette petite ruelle toute vide? Eh bien, c'est tout simplement le seul endroit où on ne dérangera personne pendant le nettoyage, pendant les heures d'ouvertures telles que celle-ci. Se balader par là où les visiteurs passent, c'était bon pour la fin de la journée quand le parc était fermé, mais à part ça, il fallait se faire tout petit... Le personnel d'entretien, ça faisait tâche dans le paysage féerique d'un parc d'attractions. Osamu n'avait rien demandé à personne! Il était juste là, en train de faire son travail, comme tout bon employé, et Takashi idem pas loin, et voilà que cet oiseau avait débarqué et... Il parlait... D'ailleurs il continuait de parler comme si c'était un fait tout à fait normal... Mais on n'était pas dans le Wonderland d'Alice, là, tout de même! Alors, il se passait quoi?

...Oh-la-VACHE!

Cette fois, c'était carrément un grand cri qui était sorti comme ça, de la bouche grande ouverte du petit binoclard, qui considérait toujours l'oiseau, les yeux écarquillés. Sauf que bientôt il abandonna l'animal pour s'enfuir en courant vers ce qui faisait davantage partie de son réel.

TAKASHI-KUN! TAKASHI-KUN! Un oiseau qui parle!

Takashi n'avait même pas eu le temps de se retourner qu'Osamu s'était déjà planqué dans son dos en s'agrippant à son bras. Comme s'il n'avait rien entendu, le grand dadet considéra son camarade en levant un sourcil un peu agacé. Quoi? Ils étaient en train de travailler, c'était pas le moment de faire l'imbécile!

Quoi, qu'est-ce que t'as?

C... Ce... Cet oiseau, LÀ! Il m'a parlé!

Eeeh...

Suivez mon regard, ou plutôt suivez le doigt qu'Osamu pointait vers le petit volatile qui se tenait toujours au même endroit où on l'avait laissé. Ben quoi? C'était un oiseau comme un autre, et après? Il se dandinait peut-être de manière bizarre, mais de là à prétendre qu'il parlait...

...Mon Dieu... T'as beaucoup trop d'imagination, toi...

J... J'te jure, il m'a parlé! Et il va recommencer, je suis sûr... Écoute, mais écoute!

[Non ça va, je n'attendais personne en particulier ^^ Désolée de ne pas faire aussi longs que toi par contre...]

Eeet voilà, exactement comme je m'y attendais. Et voilà qu'il ramène un pote en plus.

*Ouais, j'suis pas tombé sur quelqu'un de très intelligent... Tant pis on f'ra avec.*

C'est sûr que parmi les humains, y'en a très peu pour relever les autres, si je puis me permettre. En plus, j'en ai marre des explications... Surtout que ça risque d'être dur de me présenter, étant donné que de moi, je n'ai qu'un surnom et qu'un pouvoir à donner. En plus si je parle de ce dernier, avec leurs têtes d'abrutis je vous parie dix contre un que je vais devoir expliquer les fondements fondamentaux de la magie. Enfin, c'est à ce moment-là que mon bon colocataire se décide à manifester. Pas trop tôt, un peu plus et je croyais l'avoir tué. Bon, c'est pas que ça m'aurait dérangé, hein.

*Pchiip, tchiip, pchooup*
*Que !? Retire-ça tout de suite !*
*Tchou tchiip tchii*
- Alors toi tu tiens plus à la vie c'est ça, hein !?
*Pchiiiyouuu*

Et voilà un pigeon en train de s'auto-étrangler. Sûr, ça devait pas arranger mon image aux yeux de ces deux humains, mais bon. Sans parler de ma dernière phrase que j'avais prononcé à haute-voix sans faire attention. Quand je m'en rendis compte, je cessa tout de suite mon auto-étranglement et me redressais en lissant quelques plumes. Bon, puisque je suis découvert, pourquoi aller s'énerver à trouver un autre réceptacle à assommer à coup d'ailes brisées et d'autres témoins à interviewer ? Je m'éclaircit la voix de quelques "hum hum" avant de reprendre d'un ton calme.

- Alors, je me doute de ce que vous devez vous poser pleins de questions, comme tous les êtres vivants de ce bas monde. Moi aussi, figurez-vous que j'en ai. Ce parc... Est-ce qu'il a une attraction comme un train fantôme, ou un truc dans ce genre-là ?

Allez, plus vite on sera expédié, plus vite l'enquête sera finie. C'est logique, vous me direz.

Mmh... Ce n'est pas bête, petit oiseau qui parle. Ce n'est pas si bête seulement t'es mal tombé... Parce qu'effectivement, ces deux-là ne sont pas des lumières, et côté renseignements, il aurait mieux valu tomber sur quelqu'un venu des sphères du pouvoir... Bon. Commençons par le commencement. Le commencement, c'était le ton archi-ironique de Takashi après que Wider Feld se soit décidé à parler à nouveau —après, soit dit en passant s'être "étranglé lui-même", ce qui leur avait arraché une drôle de tête compte tenu de leur étonnement...

Ohooo! Mais c'est pourtant vrai, qu'il parle, ton qui oiseau qui pa... AH?!

Ce qu'il voulait, le Takashi, car il était tellement sûr qu'un oiseau qui parle ça n'existe pas, c'était se moquer d'Osamu et de ses fantaisies dès qu'il aurait l'occasion de détracter ses affirmations... Seulement, ce fut au bout de sa propre phrase seulement que ça fit tilt et qu'il réalisa que... Cet oiseau parlait, effectivement. Il venait de parler comme le petit à lunettes le disait, et il venait de leur poser une question... Takashi recula d'un pas, Osamu toujours dans son dos, en ouvrant de grands yeux et en se mettant à pointer la petite bestiole du doigt d'un geste crispé.

OUAH! Il parle vraiment!

Puisque je te le dis!

Osamu, déjà bien flippé depuis longtemps, ne savait plus que faire. Et à présent, Takashi, tout aussi apeuré que lui, ne valait pas vraiment mieux... Bon... Alors quoi faire? Répondre à la question de cet... Oiseau? Ouais, seulement, il avait posé quoi exactement comme question? Osamu l'avait oublié, mais Takashi, qui semblait s'en souvenir, coupa court comme il le faisait assez souvent.

Euh... T... V... Euh... Vous pouvez répét...

On vient d'arriver dans le service, c'est pas le genre de choses qu'on sait... (Bref regard vers son copain à lunettes.) Tu sais, toi?

Euh... Non...

Osamu porta un doigt à son menton en levant les yeux dans une position de réflexion parfaitement désespérante. Son ami, lui, ne s'arrêta pas là, car effectivement, lui aussi avait des question, et il tenait à les poser et à avoir des réponses! Les attractions du parc... Quel sujet inintéressant comparé à celui-là! Un oiseau qui parle... Est-ce que c'était une forme de vie surévoluée ou quelque chose du genre? Un être vivant qui venait d'ailleurs... OH MAIS OUI! Un être vivant qui venait d'ailleurs?! Boosté par cette éventualité, le jeune homme se baissa vers l'oiseau avec une expression cette fois dénuée de peur, mais pleine de curiosité.

Dis, t'es quoi exactement?

Bon, finalement je crois que ça irait plus vite de partir et de chercher quelqu'un d'autre. D'un autre coté, avec cette aile je ne peux pas m'envoler. Ni même frapper quelqu'un avec.

*Pchouuu*
*OUI, tu es faible, faible, faible !! Apprends à mordre !*

Enfin, laissons mon ami se plaindre dans son coin, et écoutons un peu ce que ces deux gars-là ont à me dire.

<< On vient d'arriver dans le service, c'est pas le genre de choses qu'on sait... >>

*Tss, et en plus de ça, il faut que je tombe sur des employés qui ne connaissent même pas le lieu où ils travaillent, je suis décidément pas gâté.*

J'étais actuellement partagé entre la séduisante idée de leur mordre les mollets et de partir, et entre l'idée peut-être un peu plus ardue de continuer à tuer le temps.

<< Dis, t'es quoi exactement ? >>

Bah, de toutes façons on dit que c'est malpoli de ne pas répondre aux questions que l'on te pose. Bon alors, qu'est-ce que je pouvais bien répondre... ?

- C'est une excellente question, mon brave. Si excellente que moi-même je ne le sais pas.

Je vous l'accorde, ça veut peut-être pas dire grand chose, mais ça avait au moins le mérite d'être honnête, et avec un peu de chance ça leur occuperait l'esprit quelques instants.

- Donc... Vous n'en savez rien hein... Si je puis me permettre, est-ce normal de travailler dans un endroit qu'on ne connait pas ? Bah, je suppose que c'est aussi bizarre de croiser quelque chose qui ne sait même pas ce qu'il est. Enfin. Vous auriez pas un plan non plus ?

Mmf... C'est quand même pas exactement ça, hein...

Takashi avait lâché un souffle droit devant lui, un peu agacé par ce que cet oiseau avait le front de dire. Ben quoi? Ne pas savoir s'il y avait un train fantôme dans ce parc ou non, est-ce que c'était pour autant ne pas le connaître? Il était gonflé, ce piaf... Oui, précisons-le, Takashi avait à présent dépassé le stade de la peur, contrairement à son ami, et en était à présent à celui de la curiosité. Et cette curiosité impliquait un autre fait, un autre comportement à adopter : il faut pas que l'oiseau s'en aille. C'est un oiseau suuuper-intéressant. Alors, pour ne pas qu'il parte, il faut lui faire la conversation, voilà ce qu'il faut faire! Et puis, de dire qu'ils ne connaissaient pas l'endroit où il travaillaient, ça l'avait vexé un peu... Alors il releva le menton pour répondre clairement, et Osamu l'imita grossièrement, pas très rassuré malgré tout.

On vient d'arriver, comme je l'ai dit, et on fait partie du personnel d'entretien... Savoir quelle gueule ont les lieux qu'on doit nettoyer et à quelle heure de la journée on doit les nettoyer, ça, c'est notre affaire... Mais après, connaître les attractions par coeur, c'est pas notre affaire!

Ah... Ceci dit il a raison! Ça doit bien être indiqué sur le plan... Attendez, monsieur l'oiseau, je vais vous le chercher!

Et Osamu d'aller fouiller dans un sac qui était le sien et qu'il avait laissé par terre dans un coin, pour aller chercher la fameuse carte, sous le regard un poil consterné de Takashi. Évidemment, ils en avaient chacun une, et c'était pas plus mal dans ce genre d'endroit... Alors, si chacun avait la sienne, ça ne coûtait rien d'en céder une... Et puis, Osamu, lui, avait bien toujours la trouille de cet oiseau. C'était le Puissant Oiseau Qui Parle, tout de même, alors allez savoir... S'il pouvait faire ça, il pouvait peut-être bien faire encore pire, des trucs qui dépassent l'imagination, et donc, mieux valait lui obéir et lui apporter ce qu'il demandait! Donc, on en était là, Osamu qui fouille dans son sac et Takashi qui continue de toiser l'oiseau. Il tentait de donner à son visage en forme de cacahuète un air sévère, montrer qu'il était sûr de lui... Mais au fond de lui, il en bavait presque. Un oiseau qui parle, et qui ignorait lui-même sa propre nature... Vous parlez d'un cas!

[ "Le Puissant Oiseau Qui Parle" Woaw, c'est trop d'honneur xD ]

Visiblement, j'ai touché un point sensible. On dirait pas comme ça, mais je suis plutôt observateur, à force je reconnais les mimiques des humains. Et la grande asperge était en train de se donner pitoyablement un air intimidant pour renforcer son image brisée. Peut-être aurais-je eu l'amabilité de faire semblant d'être effrayé, mais là j'avais pas la tête à rentrer dans leurs jeux.

Et ce fut avec soulagement que je vis le deuxième de mes interlocuteurs commencer à trifouiller dans son sac à dos. Ah, ben c'est pas trop tôt, enfin j'arrive au but de mes longues années de recherches... Oh, ce ne sont pas des années ? Juste un jour et demi ? Bah, ça revient au même. Ce même deux-pattes me donna enfin une carte sortie de son sac. Le volatile la prit dans son bec puis la posa au sol, étant donné que le fait de lire une carte tenue par la bouche ne soit pas simple, vous essaierez chez vous. Bref, c'est à ce moment là que le vent se mit à souffler si fort que le petit prospectus s'envola avant même que je n'ai eu le temps de le regarder en détail.

Un silence s'ensuivit, moi qui regardait bouche-bée - ou plutôt bec-bé - le petit bout d'arbre blanchi s'élever, trop loin pour que je puisse nettement le distinguer et utiliser mon pouvoir, le tout en sentant mon aile meurtrie.

*Je dois être maudit. Ouais, ça doit être ça.*
*Pchouip*
*Toi, remets-toi à souffrir et laisse-moi en paix !*

Enfin, dans ces cas-là, on peut toujours s'en sortir. Je suppose que comme ce sont des employés, chacun doit avoir une carte. Je ne sais pas trop comment leur demander la deuxième, après tout la première vient de s'envoler à perpette et il serait compréhensible, vu l'égoïsme des humains à garder leurs possessions bien en main, qu'ils refusent. Je rassemble donc tout le tact dont je suis capable et je reprend calmement.

- Bon, et ben c'est pas de chance, ça, hein. Mais je suppose que vous devez en avoir une de rechange, non ? Si possible avec une pierre pour la tenir en place cette fois. Ou alors, vous vous asseyez dessus.

HJ : C'est Osamu, hein, il est comme ça. XD Désolée, c'est pas super-long...^^"


Eh... QUOI?

Oh, c'est pas v...

Aboiement littéral pour Takashi, soupir pour Osamu. Mais au final, au départ, ils avaient pris la même expression d'ahurissement en une synchronisation parfaite. Un truc auquel ils s'entraînaient involontairement depuis des années... En fait, ils étaient un peu outrés, mine de rien, que l'oiseau ne se pique que d'un infime petit "c'est pas de chance". C'était pas sa carte, c'est sûr... Bon, on s'énerve pas, il en reste une. Et cette fois, à Takashi d'aller chercher dans son sac, tandis que le petit à lunettes, confus, se justifiait face à leur mystérieux interlocuteur tout en faisant des gestes de bras :

Bon... On en a bien une autre, mais c'est la seule qui nous reste!

En gros, "ne la perdez pas, celle-là", c'était ça qu'il voulait dire, mais ça coulait de source. Enfin, de toutes façons, depuis le début de leur vie, Osamu et Takashi avaient à supporter les crasses que leur valaient des personnes qu'ils rencontraient et qui abusaient de leur faiblesse pour se faire faire leur quatre volontés, mais à force, on finissait par s'habituer... Même Takashi, malgré ce qu'il essayait de montrer, avait bien peur en son for intérieur que ça craigne pour leurs fesses s'il refusait d'obtempérer. Alors, on ravale son énervement et on va chercher la carte. À présent revenu avec le second papier, le sien, le grand gars au visage en forme de cacahuète la posa à terre d'un geste vif et du plat de la main devant l'oiseau, avant de se retourner et de lui faire dos pour poser l'arrière de ses fesses dessus et s'asseoir en tailleurs, à moitié sur la carte. C'était bien ce qu'il avait dit, non? Bon, quand on y réfléchit, ç'aurait été plus pratique avec le manche de son balai, avec un sac ou avec un seau dans lequel ils avaient l'eau pour nettoyer les sols, mais non, allez paf qu'on pose son cul dessus, ces deux-là ont tout de même un certain niveau de connerie à faire valoir. Involontaire bien sûr, mais bon... Les bras croisés, faisant dos au volatile, Takashi releva un peu les yeux derrière lui avec un air interrogateur, tandis qu'Osamu, les jambes fléchies en direction de l'oiseau, observait la scène avec la même expression.

Alors...?

Ça va, tu trouves maintenant?

[ HJ : Pas grave, je ne suis pas vraiment faite pour les romans ^^" ]

Woaw. Je ne pensais pas qu'il allait vraiment le faire. Quand ils ont peur de quelque chose, ils ne rechignent sur rien, mais quand même... Je suppose que je dois vraiment leur faire peur. Ou alors je les emmerde. Et dans ce cas-là, pas étonnant qu'ils fassent exprès de me prendre au pieds de la lettre pour me donner la honte. Dans les deux cas, on voit qu'ils ne sont pas très intelligents. Non pas que ma vengeance serait terrible pour la seconde option, bien que je pourrais aisément leur faire vivre un enfer, mais il en faudra plus pour me piquer à vif.

Bref, ce n'est pas le plus important. Je peux enfin me pencher un peu plus avant sur cette mystérieuse carte, en un long silence que je fais durer exprès pour les faire mariner.

- Hmm... Peut-être oui.

Et pas qu'un train fantôme, plusieurs autres attractions pourraient être intéressantes à passer voir aussi. De toutes façons, c'est un parc d'attraction, j'irai voir un peu partout ce qui le rend si "fameux", car il faut bien avouer que quelque chose me turlupine.

- Dites les gars... Vous ne sentez pas quelque chose de bizarre, dans l'air ?

Je ne parle pas d'odeur suspecte, mais bien d'une impression étrange. Ça sent la magie, ou je ne m'y connais pas. Cependant ici elle est en bien plus grande quantité que chez les quelques magiciens qu'il m'est arrivé de croiser au cours de mon existence.

*Ces magiciens... Ils en font tout un plat pour garder leur secret, et voilà qu'il créent un parc magique. J'aimerai bien savoir ce qui leur prend ! Mais bon, après tout, ça ne me concerne pas.*

Enfin, de toutes façons, vu leur réaction, m'étonnerait qu'ils soient bien branchés question magie. Question inutile donc. Mais je suis comme ça moi, j'aime taper la discute et exposer ma science.

Eh...?

Tu veux dire... À part le fait que t'es un oiseau qui parle et que ça a déjà un sacré degré de paranormal?

Silence méditatif des deux humains. Ils levèrent les yeux vers le ciel, au grand bonheur d'Osamu car c'était un beau ciel de journée avec un ou deux nuages à regarder, et se turent pendant un moment, tâchant de sentir l'air, d'observer un peu, de ressentir éventuellement quelque chose comme le ressentait l'oiseau. Osamu et Takashi étaient étrangement doués pour les silences. Peut-être parce que depuis bien longtemps ils avaient appris à se taire en public, en bons side characters qu'ils étaient. Seulement, que ce soit une odeur, une pression de l'air ou quoi que ce soit d'autre, en êtres humains qu'ils étaient, il leur était impossible de tant ressentir la magie que ça. Peut-être Takashi, qui était plein de curiosité, en était-il plus capable qu'Osamu, mais c'était encore trop peu pour comprendre que ce parc avait été créé avec l'aide de pouvoirs dépassant l'imagination.

...Non...

La réponse d'Osamu avait fini par tomber après ce moment où personne n'avait rien dit. Évidemment, non... Ceci dit, il n'en avait pas fini là. Celui qui pose la question a forcément une idée sur cette même question au départ, non? Il se tourna donc vers le petit oiseau en le considérant derrière ses grosses lunettes avec un air plus interrogateur qu'apeuré.

Mais vous, vous sentez bien quelque chose, non? Sinon, vous ne poseriez pas la question...

Ouais... T'es un esprit, ou quelque chose du genre, toi, non? D'après ce que tu nous a dit, tu sembles pas toujours avoir été un oiseau... T'es plutôt quelque chose d'immatériel qui peut se réincarner en une forme vivante, non? J'ai déjà lu ça quelque part...

Bon, pour quelqu'un qui n'y connaît rien, ces hypothèses étaient un peu cavalières, mais Takashi était franchement intéressé par le sujet. Au point qu'à présent, un petit sourire en croissant de lune s'était taillé sur son visage en forme de cacahuète. Osamu n'avait pas l'air très rassuré par ce sourire-là, ni même par l'idée que cet être soit une espèce de fantôme ou allez savoir quoi... Même pour quelqu'un qui avait une telle imagination que la sienne, c'était assez dingue à croire...

Tu... Tu crois que...

Qu'est-ce que t'en dis, Osamu? Ce serait dingue, non? Ce serait même génial, non?

Génial...? Ben... Euh...

Bien, je m'en doutais, ils n'ont aucun don pour le "surnaturel", comme on l'appelle. Bien qu'entre nous, toute la technologie humaine est bien moins naturelle que la magie elle-même. Il semblerait que j'ai encore, accidentellement bien sûr, révélé l'existence de celle-ci à quelqu'un. Bah, c'est le problème des magiciens, pas le mien, je les connais ils sauront se débrouiller. Et ces deux fées du logis, comme j'en conclus à la vue de leurs seaux et balais, ne semblent pas des personnes importantes dont le monde pend aux lèvres.

<< T'es plutôt quelque chose d'immatériel qui peut se réincarner en une forme vivante, non? J'ai déjà lu ça quelque part... >>

- Je suis si célèbre que ça ? Pas que je l'ai caché, mais bon...

L'oiseau fit de petites mimiques pour remplacer un rougissement. C'était toujours bon quand sa grandeur était soulignée et surpassait celle de toutes les autres créatures vivantes. Comment ça, il ne l'a pas dit ? Ça revient au même, voyons, bien que je doive remarquer qu'il y avait quand même quelques erreurs dans sa comparaison. Je ne suis pas une simple réincarnation, ou un fantôme. Tout du moins je n'en sais rien, donc ne partons pas en se faisant de fausses hypothèses. Ça, c'est encore la faute à ces deux/trois humains qui se sont inspirés de faits divers me concernant, et voilà que débarquent toute une tonne d'histoires abracadabrantes sur la possession.

Enfin, je me calmai. C'est vrai, je ne devais pas me laisser aller, surtout maintenant que je connaissais mon objectif. D'un autre coté, je n'avais pas très envie de posséder quelqu'un de vivant qui en aurait fait des tonnes. Il faut dire que les humains ont naturellement un mauvais taux de synchronisation avec leurs enveloppes, donc possédés ou pas, ils sont déjà habitués au déséquilibre. Par conséquent, quand ils sont conscients ils arrivent toujours à bien diriger leur corps, c'est pour ça que c'est une vraie plaie pour moi de contrôler des humains éveillés. Bon, c'est évident, je suis plus fort qu'eux, mais c'est quand même lourd. De l'autre coté, je n'ai pas envie de parcourir ce parc en marchant avec ce stupide oiseau au raz-des-pâquerettes, en effectuant la matrix pour éviter de ralentir en me faisant écraser. Enfin, ces deux gars-là avec leurs étoiles dans les yeux n'ont pas l'air de vouloir me laisser partir. On va en profiter.

- Bien, je suis là pour visiter un peu les lieux. Maintenant qu'on a fait connaissance, tout ça, et qu'on est potes, j'aurais besoin de porteurs si vous voyez ce que je veux dire.

Non, non, je ne les prends pas pour des esclaves qui vont se trimbaler un piaf toute la journée en faisant le tour des attractions, je vous le jure.

Eh...? Hey, depuis quand on est po...

Chht. Osamu!

Plissant une paupière d'un air intrigué, Osamu avait considéré l'oiseau avec une question naïve bien fidèle à sa nature, que Takashi avait coupée court d'un geste bref de la main. Osamu s'était donc tu et avait tout simplement regardé la main, les yeux écarquillés et encore agrandis par ses lunettes, tandis que Takashi faisait virer son regard sur le côté en prenant un air indifférent, et en esquissant une espèce de moue qui donnait encore plus envie de rire sur ce visage en forme de cacahuète. Même si lui avait l'air plutôt sérieux dans son idée. Tandis qu'Osamu relevait les yeux vers son ami avec un air interloqué, ce dernier faisait quelques pas en rond, le ton détaché, pour apporter sa propre version de la réponse à l'oiseau.

Mmh... C'est que ça serait très sympa... Vraiment... Et moi, un oiseau qui parle, ça m'intéresse de l'emmener où il veut qu'on l'emmène... Seulement... On est au travail ici, on n'a pas le droit d'aller où bon nous semble... C'est pas si simple...

Bon... C'était vrai après tout, c'était un argument qui se tenait... On ne va pas bambocher pendant ses heures de travail, c'est indécent... Osamu, qui multipliait les "oui" de la tête, avait l'air d'être d'accord, mais Takashi, ceci dit, avait une idée derrière la tête en plus de cet argument bon enfant. Non, bien sûr... Y avait pas que ça dans cette façon de dire... Exactement, Takashi... C'est ça ton plan... Montre à l'oiseau que ta demande nous en coûte et qu'on ne peut pas y répondre si facilement... Même si, même pour un lâche tel que lui, ce genre d'affaire était intéressante et que gruger un peu sur les heures de boulot, ça ne serait pas de refus. Ça embêterait sûrement Osamu, et lui aussi finirait par l'avoir sur la conscience, mais quand même... Un oiseau qui parle... Un esprit, un truc paranormal... Mais non. Ne pas dire "oui" tout de suite. Si on finissait par accepter la demande de l'esprit, après des hésitations, presque à contrecoeur, l'esprit leur serait redevable, pas vrai? Et donc, ils l'auraient un peu à leur merci, en un certain sens... Même si le mot était un peu exagéré, ça avait quelque chose de... Vraiment intéressant...

Euh...

Ceci dit, Osamu regardait d'un air un peu inquiet son grand camarade en se demandant ce qu'il pouvait bien avoir dans la tête. Il avait bien dit les choses comme il fallait les dire quand on respecte les règles, mais la tête qu'il tirait laissait à croire qu'il n'avait pas dit son dernier mot là-dessus...

Hé, quoi ? Ils osent me refuser quelque chose !? Moi, ne créature si supérieure et inconnue à leur commun des mortels !? Je n'ai jamais pu comprendre pourquoi les humains se sentent si obligés par des horaires ou des boulots. Ah, c'est vrai qu'ils ont besoin d'argent pour manger, boire... Être une créature de chair et de sang ne doit pas être simple à vivre.

Quoiqu'il en soit, ça m'étonnerait que ces deux femmes de ménage (*enfonçons le couteau dans la plaie xD*) soient des employés modèles, surtout vu la tête que fait le grand. S'il croit passer inaperçu, il se met le doigt dans l'œil...

- Bon, qu'est-ce que vous voulez ?

Pas que je tienne tant que ça à ne pas faire mon "pèlerinage" seul, mais entre poser une question pour se faire gentiment porter et ne pas poser de question et y aller tout seul en matrix, poser la question me semble moins fatiguant. De toutes façons, ils vont encore me demander un truc du type aller espionner une fille ou une banque, comme tout humains. J'ai rien à perdre, et de toutes façons rien ne m'empêchera de briser ma promesse si c'est un truc aussi mortellement ennuyeux et répétitif à faire. Et s'ils comptent me priver de liberté en me demandant de révéler mon secret au monde entier pour qu'ils gagnent du fric sur mon dos, je me ferais une joie de les escorter jusqu'au mur de la honte. Enfin, tout ça pour dire que quelque soit la faveur, je ne pense pas que ce soit gravissime pour moi...

[Désolée de pas avoir pu répondre hier, j'ai refêté Noël xD]

HJ XD T'inquiète pas. Et désolée, moi-même je suis vraiment lente à répondre, alors j'ai rien à dire...^^"""


Takashi était à la limite de se lécher les babines. Décidément, ce piaf n'était pas bête... Seulement, Takashi n'est pas spécialement un pervers ; réservons ça à Osamu, qui en faisait tout de même mieux à penser au gros cul des filles que son copain avec son complexe genre "ma-petite-soeur-est-la-femme-de-ma-vie"... Non, rien qui se rapproche du fait d'espionner une fille dans un vestiaire ou quelque chose comme ça. Laissons tous les détails frauduleux ou tout ce qui implique du profit de côté également ; Osamu et Takashi ne sont pas des lumières, mais ce sont quand même de bons gars, et ils ont l'esprit honnête, chose encore rare de ce monde. Non, Takashi n'avait pas soif de fric, mais bien de connaissance. De connaissance! L'oiseau avait posé sa question, et à peine une seconde après, le grand type avait sauté, non, pardon, pas sauté, bondi sur l'occasion en se retournant tout d'un bloc, pour se plier littéralement en deux afin de se retrouver la tête un peu plus proche du niveau de l'oiseau. Comme s'il voulait regarder le volatile dans les yeux. Dans ses tout petits yeux ronds et noirs d'oiseau... Non, il aurait du mal, c'est clair, mais bon, vu sa position, il semblait essayer quand même... Et la réponse tomba simultanément.

Des infos!

Eh...?

À présent, Takashi avait véritablement l'air motivé, presque avide. Il tenait à son idée! Tout ce qu'il voulait, c'était apprendre. Apprendre sur un fait dont tout le monde parlait et qu'ils avaient l'extrême chance de voir en réalité... Oui, quelle aubaine! Alors autant en profiter, non? S'en mettre dans la tête, plein la tête, jusqu'à ce que ça déborde, savoir et encore savoir! Ça, c'était cool! ...Une des grandes qualités de Takashi : la curiosité. Un de ses grands défauts : la curiosité aussi...

T'inquiète pas, je te demande pas des infos révélées en public... On n'est pas du genre à profiter d'une créature qui sort de l'ordinaire pour se faire du fric sur son dos, ce serait un vrai gâchis... Mais tant que tu auras quelque chose à nous dire, dis-nous ce que tu sais! Ce que tu as fait de ta vie d'esprit, si tu sais exactement comment s'explique ton phénomène, même si tu sais pas c'est pas grave... Tout! Tout ce qu'on peut savoir... Si tu as été dans un corps humain, par exemple, si tu as eu un contact avec des humains avant...

(...Il ne croyait pas si bien dire...)

...Tout ça! On le répètera à personne, hein, c'est des infos précieuses.

Et puis... On pourrait avoir des représailles.

...Mais à titre personnel, on veut savoir! Non, on DOIT savoir! Si tu veux qu'on te conduise là où tu veux aller, alors 'va falloir causer!

Comme un oiseau qui... Parle.

Osamu, t'es pas d'accord?

D'un mouvement très vif, Takashi s'était tourné vers son ami pour qu'il lui confirme son soutien. "C'est une bonne requête, hein, hein, pas vrai?" Osamu, là, il était... Plutôt gêné... Qu'est-ce qu'il voulait, lui, au juste? Takashi avait eu tendance à se mettre pas mal au premier plan dans les quelques instants qui avaient précédé, mais Osamu avait peut-être son mot à dire aussi, non? Enfin... Peut-être pas finalement, vu la tête qu'il tirait lorsqu'on lui demandait son avis. Euh... Euh... Euh... Embarrassé, comme s'il voulait rentrer dans un trou immédiatement et ne plus en sortir, Osamu regardait l'oiseau, puis Takashi, puis l'oiseau, puis encore Takashi sans piper mot pendant un moment. Il piétina un petit instant sur place, multipliant les monosyllabes gênées, avant finalement de sortir en baissant les yeux :

Moi... Je veux juste pas avoir d'ennuis.

C'est-mi-gnooooon... *SBAF* Enfin! Ça paraissait clair, non? Pour Osamu, les choses étaient beaucoup plus droites et logiques. Ils étaient au travail, là. Ce que disait Takashi sans vraiment le penser était un fait réel pour lui : on ne quittait pas son poste et on ne s'interrompait pas dans sa tâche pour aller je-ne-sais-pas-où... En gros, l'idée du petit à lunettes était la suivante : si Takashi y va, j'y vais aussi, mais alors, je veux pas qu'on nous chope et que ça barde pour nous. C'était quand même un boulot, pas un club de vacances...

[ HJ : Mais non, tu es assez rapide ^^ ]

Tiens donc, j'ai comme l'impression d'avoir déjà eu affaire à ce genre de "curiosité". Il reste donc des gens pour s'intéresser à ma vie. Il serait peut-être temps que moi-même je m'y intéresse... Ouais, mais non : jouer les âmes solitaires qui ignorent qui et ce qu'elles sont, c'est quand même bien plus classe. Le problème, c'est justement que j'ai pas grand chose à leur dire, à part décrire mon pouvoir et mes "antécédents".

- Bon, ça risque d'être long si vous voulez toute la liste, et j'ai cru comprendre que vous aviez du pain sur la planche.

J'indiquai ironiquement par un mouvement de tête leurs seaux et balais. Selon moi, c'est un travail comme un autre : stupide et inutile. Cependant, selon les humains c'est quelque chose au bas de l'échelle. Certes, courir après un ballon c'est plus divertissant, mais c'est tout aussi stupide et inutile à la vie. Et pourtant, c'est le rêve de tous les gosses, alors qu'à cet âge-là, on ne pense pas vraiment au fric que ça rapporte. Bref.

- Je vous propose de m'emmener à ces deux/trois attractions, là, et on verra ça après.

Je ne sais pas vraiment si je vais vraiment le faire. Ça m'intéresse pas des masses, et je suis un peu pressé, là. Bon, j'ai l'éternité devant moi, vous me direz. Et puis si finalement j'ai envie, j'irai squatter chez eux, ça me fera un endroit où passer le temps. Dans les deux cas, je suis gagnant. Mais je sais pas si j'aurais envie ou non, je fais au feeling moi, alors ne promettons rien.

Mmh...

Osamu baissa un peu les yeux en serrant son balai. Non pas qu'il tenait particulièrement à exécuter cette tâche, mais il fallait être consciencieux... Et Takashi, dans son état normal, aurait dit la même chose... Seulement, Takashi était à présent fort appâté par un nouveau truc qui titillait sa curiosité, et comme d'habitude, ça ne présageait rien de bon... Le petit à lunettes baissa la tête et, en regardant par terre, gémit d'une petite voix éteinte :

Moi, j'ai pas trop env...

Bon! Alors 'faut te faire bouger maintenant, et on se remettra au travail après, c'est ça? Eh bien... À ton service, m'sieur l'esprit!

Takashi avait déjà tendu sa grande main à l'oiseau pour qu'il arrive dedans par ses propres moyens, sinon quoi il l'aiderait de toutes façons... Enfin, ce qui était sûr, c'est qu'il n'avait pas écouté son copain, et que c'était pas très gentil. Osamu, lui, c'était toujours pareil, il n'avait pas envie que son ami le laisse tout seul, et ça allait finir comme toujours aussi, si Takashi partait il allait forcément le suivre... Il avait beau en avoir confiance, se sentir bien comme le pauvre gros dégonflé qu'il était, il savait très bien qu'il allait forcément réagir de la sorte, et c'était bien ce qui ne le rassurait pas... Ils allaient avoir des ennuis... Alors le petit binoclard secoua la tête et vint tirer Takashi par le bras pour attirer son attention.

Nee, nee, Takashi-kun! Moi, j'ai pas trop envie!

Mais t'as rien à craindre, Osamu!

C'est toi qui le dis! Si on nous chope à bâiller aux corneilles, on va nous vi...

Alors, soudainement, Osamu sembla à nouveau remarquer l'oiseau, et l'engrenage se déclencha à nouveau dans l'autre sens dans sa tête. Cet... Oiseau, quel que soit son nom, c'était un oiseau qui parle... Un Oiseau qui Parle. Un Esprit... Dans un Oiseau... Qui le fait parler. L'Esprit dans l'Oiseau qui Parle... Vous pigez le truc? En gros, c'était un oiseau foutrement effrayant! Et Dieu seul savait ce dont il était capable... Il pouvait peut-être aussi leur jeter une malédiction ou quelque chose dans le genre, s'ils refusaient d'obtempérer... Meeerde, là, ils étaient coincés! S'ils désertaient leur poste, ils étaient virés, mais s'ils refusaient d'aider l'oiseau, ils étaient foutus aussi... Merde, qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait?

Le premier n'avait pas l'air aussi enthousiaste que le deuxième, et tenta une nouvelle fois d'exprimer son refus. Mais bien sûr, son compagnon n'en avait strictement rien à faire, drôle de paire que ces deux-là. Z'avaient pourtant l'air plutôt potes, mais je suppose que je dois tellement éblouir l'homme cacahuète que ce type de choses n'a plus d'importance. Je plaindrais presque le binoclard.

<< Bon ! Alors 'faut te faire bouger maintenant, et on se remettra au travail après, c'est ça ? Eh bien... À ton service, m'sieur l'esprit ! >>

- Euh... C'est à peu près ça. De toutes façons, ça m'étonnerait qu'un parc d'attraction bondé vous suive des yeux toute la journée.

Encore qu'ils seraient déguisés, ils serait facilement repérables, mais là, deux side characters dans leur genre, c'est limite si on se souvient de leurs noms respectifs. C'est alors que le premier tira son ami pour lui dire une bonne fois pour toute qu'en gros, il ne voulait pas. Tss, à croire que mes "ordres", même aussi habilement camouflés, peuvent être ignorés pour de simples obligations humaines... C'est dévalorisant, franchement. Mais bon, telles sont les lois des deux-pattes, et je dois bien faire avec. Enfin bon, avançons. Je sautai dans la main tendue par le grand avant de me tourner vers le plus petit.

- Au pire, toi tu t'occupe soigneusement de ton boulot et lui je l'emmène, on est pas obligés d'être 36 pour voir deux ou trois attractions.

Comment ça c'est plutôt lui qui m'emmène ? C'est cela oui, je suis libre, moi, je ne dépends de personne (si vous l'aviez pas encore compris). Enfin bref, tant qu'il y avait un nigaud pour m'éviter de me fatiguer inutilement, pas besoin de plusieurs.

Silence gêné d'Osamu. Ouais, je peux bien rester, mais j'aime pas que Takashi-kun me laisse tout seul... C'était ce qu'il pensait sincèrement en son for intérieur, mais il était loin d'oser dire une telle chose à cet oiseau qu'il ne connaissait pas... Alors, tant qu'il pouvait éviter de parler de ça, et éventuellement de se faire traiter de lâche, ce ne serait pas plus mal. Mais pour Takashi, les choses étaient claires, et il avait réagi de suite :

Il a raison, heh, c'est vrai après tout... Bon, en tout cas, moi, j'y vais! Tout ça m'intéresse trop pour que je le laisse passer!

De... Quoi? Se balader à travers le parc pour montrer les attractions dont en temps normal on nettoie la merde à un esprit dans un oiseau qu'on tient dans sa main? Bon, en fait, là-dedans, il n'y avait que la partie "esprit" qui était réellement intéressante, mais... Bref, en tout cas, Takashi avait laissé son balai de côté et il se mettait déjà en marche vers l'intérieur du parc, suivant le sens de la foule qui se pressait vers ces attractions dont on vantait tant les mérites. Et Osamu regardait déjà Takashi s'éloigner, le laisser derrière sans hésitation, et c'était le même réflexe, l'enchaînement logique et naturel, la petite panique assez vite passée...

Eh... Attends-moi! Dis, attends, quoi!

Gardant sans même s'en rendre compte son balai en main, Osamu se mit aussitôt à poursuivre Takashi pour se retrouver à sa hauteur, et il se colla littéralement dans son dos pour être sûr de plus le perdre. Aucun commentaire de Takashi, qui était habitué à ce genre de comportement... Après tout, c'était son ami, et ce depuis bien des longues années, il le connaissait comme s'il l'avait fait... Qu'il réagisse comme ça, c'était vraiment peu étonnant... Jetant un oeil dans son dos avec un sourire bienveillant, il tenta de rassurer le petit à lunettes en lançant une nouvelle conversation enthousiaste sur ce qui était en train de leur arriver :

Dis, est-ce que tu réalises la chance qu'on a? On est en train de parler à un esprit qui s'est logé dans un oiseau... Peu de gens peuvent en dire autant! C'est la classe, non?

Ben! Tu peux parler, mais... Si on ne travaille pas, on est virés... Et si on n'aide pas cet oiseau, qui sait ce qu'il va nous faire... On est dans le caca, Takashi-kun, je suis pas rassuré, vraiment!

Ha ha! Allez, quoi... T'as pas de souci à te faire... Est-ce qu'il nous est déjà arrivé quelque chose depuis qu'on se connaît? Non, pas vrai? Je veux dire, on est encore vivants et en bonne santé, j'ai pas raison?

Ben...

Série de flash-backs éclairs dans la tête d'Osamu. Lorsque la situation tournait comme ça, et qu'Osamu se mettait à suivre Takashi dans ses tribulations dictées sous le signe de la curiosité... Ils avaient été perdus dans la forêt... Ils s'étaient retrouvés dans la planque d'une secte sataniste aux principes assez flippants... Ils étaient restés coincés dans une sépulture antique qu'ils avaient découverte là, après un éboulement... Une fois, ils s'étaient coincé la tête dans des poteries à forme bizarre... Oui, ils étaient encore vivants, mais avec quelle expérience derrière! Est-ce que ça allait encore finir pareil?

Takashi-kun... Je peux pas d'ennuis, cette fois!

Mais t'en auras pas, voyons!^^ Bon, et toi, l'esprit, où est-ce que tu veux qu'on aille d'abord?

Euh... C'est pas qu'ils ont pas le droit de se plaindre, mais quand on a peur de celui qu'on a envie de se plaindre, on évite de le faire devant lui. Je sais pas, ça me semble logique, pas vous ? Un moment, j'ai eu envie de le terroriser, de jouer les empereurs maléfiques qui contrôlent tout (ce qui est vrai, en un sens), mais... ce serait trop peu original, et je ne pouvais prendre le risque que le deuxième se barre aussi (tout ça pour ne pas marcher, et oui, je sais, mais la flemme, c'est le bien).

<< Bon, et toi, l'esprit, où est-ce que tu veux qu'on aille d'abord ? >>

Et bah enfin on se souvient que j'existe, un peu plus et je me demandais si le piaf n'était pas devenu invisible, mais une série de hurlements de douleur mentaux me font réaliser qu'il est toujours là.

- Et bien à...

La carte. Où est la carte !? Je jette précipitamment un regard là où je l'ai laissée... et où elle n'est plus. Je parie 1000 contre 1 que c'est ce fichu vent qui l'a prise. Qu'est-ce qu'il a contre moi, aujourd'hui, c'est parce que j'ai pris un de ces petits protégés ?

- Bon et bien... Il n'y a pas non plus de panneau avec le plan dessus ? Au moins, çui-là risquera pas de s'envoler...

Quoi... T'as perdu la carte?!

Au tour d'Osamu d'aboyer à présent. Oui, le petit gars n'avait toujours pas mué à seize ans, mais il avait quand même une voix forte. Ça se sentait quand il rigolait, quand il criait ou quand il était étonné, que ce soit en mal ou en bien, comme dans le cas présent... Bon. Il s'était mis à tutoyer l'oiseau, ça voulait tout dire. La grosse tête ronde du petit binoclard tomba littéralement dans sa main lorsqu'il se frappa le front.

C'est pas vrai... Génial... On connaît pas cet endroit, et on n'a plus de carte!

T'inquiète, Osamu... Des cartes, y en a à la pelle ici, on n'aura qu'à en récupérer une en disant qu'on a perdu la nôtre!

Non pas que Takashi était du genre à tout voir en positif lorsqu'Osamu voyait tout en négatif, ce n'était pas si partagé, mais... Au moins dans le cas présent le grand dadet semblait prendre une part de raison. Ces cartes sur papier ne coûtaient pas trop cher et elles étaient distribuées à tout le monde, aux employés comme aux visiteurs... Bon, évidemment, s'ils prenaient l'une de ces cartes destinées aux visiteurs ils n'auraient pas marqué dessus l'accès aux chiottes des employés, mais comme le monde est bien fait, ils ont déjà eu l'occasion d'aller dans tous ces endroits qui feraient partie de leur ennuyeux quotidien et ils se souvenaient d'où ça se trouvait. Osamu soupira en se massant les tempes. Ouais. Il avait raison...

Mmh... C'est vrai. Bon, alors...

...Ton panneau avec le plan, il est par là.

L'un commençait la phrase, l'autre la finissait. Et comme d'habitude, Takashi marchait devant, toujours avec le petit piaf dans la main, tandis qu'Osamu les suivait prudemment... Ils savaient effectivement où se trouvait ce plan, parce qu'un panneau qui attire l'attention est l'une de ces choses qui faisait partie de leur quotidien et vers laquelle, lorsqu'ils s'emmerdaient, leur regard partait de temps en temps nonchalamment... Et finalement on s'en souvient. Bon. Plus de carte, mais on se trouvait à présent devant un grand panneau examiné aussi par plusieurs autres personnes, avec cet exaspérant "vous êtes ici" entouré en rouge... Bon, à l'oiseau de jouer maintenant, et de voir où il voulait qu'on l'emmène comme ça.

L'oiseau se redressa de toute sa hauteur... Ce qui reste quand même très petit pour un oiseau.

*Chiiiip*
*Encore là toi ?*

Enfin, ce n'était pas lui le plus important (bien sûr, il se vexa encore, comment un oiseau peut-il avoir autant de confiance en soi ?)

- Hé oh, je n'ai pas "perdu" la carte, c'est vous qui l'avez oubliée là-bas !

Non mais et puis quoi encore !? Ils auraient peut-être préféré que je la plie en huit avec mon aile blessée et que je la remette dans leur sac ? C'est leur carte, alors c'est à eux d'y faire attention ! Et ce n'est pas parce que c'est de ma "faute" (je pouvais tout de même pas prévoir la météo !) si la première a rejoint les nuages qu'il faut me rejeter tout le reste. Enfin, passons.

J'allai donc voir un nouveau plan, pour la troisième fois en dix minutes. Un peu plus et je le connaîtrai par cœur ce fichu parc. Au moins, vous me direz, plus besoin de fichues cartes en ce jour de grand vent (vive le japon !). Après avoir re-retrouvé cette chère destination, je pivotai sur moi-même et pointai une direction sur la droite.

- En route, mauvaise troupe !

[ HJ : My', mes messages raccourcissent à vue d'œil >< ]

HJ XD Iie, c'est pas un problème! Les miennes valent pas grand'chose, alors bon...^^"


Alors, nous en étions là. Takashi qui marche devant en suivant la direction de l'oiseau, Osamu derrière. Les deux échangent un regard et soupirent. Osamu était un peu rassuré d'ailleurs que Takashi soit toujours en mesure de réagir de la même façon que lui, ne serait-ce qu'à certains détails de ce problème... Ça sécurisait dans sa tête, que de se sentir épaulé et son avis partagé par son meilleur ami COMME TOUJOURS, au lieu d'avoir à suivre à fan de paranormal qui ne faisait ça que pour des infos qu'il ne révèlerait nulle part. Takashi était un des plus grands détracteurs des pratiques style "montrer des OVNIs en spectacle à la télé", alors qu'Osamu trouvait ça plutôt cool... Mais cette ambiance-là, où ils étaient bien d'accord et d'accord aussi notamment dans leur consternation, Osamu la préférait grandement au fait d'avoir à suivre Takashi sans savoir où ça allait encore finir par le mener. Il tapota l'épaule de son ami pour lui parler sous cape, en espérant que l'oiseau ne les entende pas trop, et Takashi tira la tête en arrière, pour regarder celui qui lui parlait du coin de l'oeil.

Et... Dans quel but il veut aller dans ces endroits, à ton avis?

Alors là, va savoir... Mais bon. Si on peut apprendre des choses...

Osamu haussa les épaules et se rapprocha encore un peu de son ami pour le suivre de plus près, comme si rien que cette idée ne le rassurait pas beaucoup. Ça ne lui disait rien qui vaille, décidément... Takashi, quand à lui, s'était à nouveau mis à regarder l'oiseau dans sa main, qui leur indiquait une direction qu'il continuait de suivre, tout en s'interrogeant ; quand est-ce qu'il allait leur parler pour leur expliquer des choses sur sa condition? Est-ce que c'était malvenu de lui poser la question? Finalement, le grand gars, tout en marchant, finit lui aussi par hausser les épaules en se disant : "plus tard peut-être". Après tout, Osamu avait peut-être bien raison, il valait mieux être prudent... On ne sait jamais... La tête basse, déjà fatigué de tout ça apparemment, le petit binoclard aux cheveux ras finit par briser le nouveau silence qui s'était installé en posant une autre question, à tout hasard. Il commençait à se sentir déjà un peu moins mal à l'aise avec cet oiseau de malheur.

Et... C'est à quelle attraction que tu nous emmènes, comme ça?

[ HJ : Mais non, c'est la première fois qu'on m'inspire autant ^^ ]

- Oh, juste une maison hantée.

Encore une, c'est apparemment le must du must pour les parcs d'attraction. Cela dit, avec ce taux de magie dans l'air, ça pourrait être un peu plus réaliste. Cependant, j'ai recours à la magie pour faire mes zombies moi aussi, alors comment les leurs peuvent être encore plus réaliste ? Ils ont pris de vrais zombies pur sang ? J'en ai jamais vu, ça peut être une rencontre intéressante, entre immortels. Ah, sauf que les zombies doivent bien mourir au bout d'un moment, quand ils ne sont plus que poussière. Pauvres gars. En tout cas, s'il y a vraiment de la magie là-dessous, j'aimerai bien savoir les motivations du directeur. Le reste de la communauté magicienne crisera sans doute de voir leur secret mis en péril, ça s'annonce mal pour l'avenir de cet endroit. D'un autre coté, ça peut être amusant de voir jusqu'où les humains iront croire que ce n'est que de la mécanique.

Absorbé dans mes pensées, je n'ai même plus fait attention au chemin. Heureusement, mes deux compagnons ont suivi les panneaux, et nous arrivons enfin devant notre maison. Un matin aussi ensoleillé que celui-ci, ça fait un peu tâche, mais elle aussi ne semble pas bien mécanique. Hmm... Les oiseaux risquent de ne pas être acceptés, disons que je vois mal un tarif pour volatiles. De toutes façons, la visiter ne m'intéresse guère, tout du moins pas pour le moment.

- Vous êtes bien du personnel d'entretien, non ? On ne vous a pas mis en garde contre certaines attractions, qu'il ne fallait pas les nettoyer normalement ou chercher trop à comprendre la mécanique ? Ou bien vous ne vous occupez que des toilettes ?

Certes, nous ne sommes plus dans la ruelle. Mais les gens doivent croire que c'est un numéro de ventriloquie, on est dans un parc, quoi ! Et je ne suis pas doué pour le mime non plus (narratrice : faut demander à Meru, voyons ! *sort*)

Hey! C'était méchant!

Mnh... Plus sérieusement... C'est pas véritablement une "mise en garde" qu'on nous aurait faite, plutôt le contraire à vrai dire... On ne nous a parlé que très peu des attractions les plus à succès, ici...

Ouais... Plutôt quelque chose du genre "laissez, quelqu'un d'autre s'en occupe, c'est pas important"...

Hum. Si on nous laissait s'occuper ça, je suppose bien qu'on ne nous chargerait que du nettoyage de l'extérieur, tout au plus... En même temps, c'est d'une grande importante pour la direction du parc, ces attractions-là...

Hm, hm... Maladroits comme on est, je suppose que c'est plutôt normal qu'ils ne préfèrent pas que de petits employés qui viennent d'arriver y touchent... Il doit y avoir du matériel sophistiqué là-dedans, ça se comprend...

...Ouais...

Voilà, le point de vue de deux naïfs en quelques lignes. Bon, pas vraiment naïfs, disons qu'ils se cantonnaient plutôt à un jugement et une analyse "réaliste" des choses, mais à présent qu'un oiseau qui parle, ou plutôt un esprit dans un oiseau qui fait parler l'oiseau, pour dire les choses plus correctement, leur demandait de les conduire dans une maison hantée pour y vérifier quelque chose, peut-être sans même avoir besoin d'y entrer, il y aurait tout de même quelques questions à se poser. Pour l'instant, les deux gugusses étaient encore en train de soupirer de leur condition et se ramener sur terre, un peu, ça ne leur ferait pas de mal après avoir tant fait la conversation à un oiseau... Et double soupir.

Haaah... Quand on y pense, on n'aura probablement jamais l'occasion d'aller là-dedans...

Ouais... On est dans l'un des parcs d'attractions les plus réputés du Japon, et on n'a même pas l'occasion d'en profiter...

Et puis Takashi fut le premier à tilter. Baissant les yeux vers Wider dans sa main, il ouvrit des yeux ronds avec un léger sursaut.

Une minute... Tu veux dire que...?

Et moi, imperturbable, je les laissai monologuer dans leurs coins sur leur importance plus ou moins capitale au sein de la communauté. Cette histoire de magie m'intriguait vivement, et je me demandais qui était la personne derrière tout ça. Un magicien aux pouvoirs incommensurables ? Ou même un humain banal qui attendait son heure pour tout révéler sur la magie et se venger de je ne sais quoi. C'est ça le problème, avec le monde surnaturel : c'est que t'es en droit de tout pouvoir imaginer. Enfin, ce n'était pas en restant ici que les mystères se lèveraient. Je m'apprêtait donc à partir, mais...

<< Une minute... Tu veux dire que...? >>

Aïe. Pauvre de moi qui n'ait rien écouté de leur conversation auparavant. Je sais, c'est malpoli, mais les caliméro, c'est pas mon genre. Tous les boulots et tous les humains ne servent à rien, mais je vais éviter de le leur dire, de peur de faire empirer les choses.

- Euh... Pourriez-vous répéter siou-plait ? Que voulez-vous, ce doit être l'âge, j'suis plus tout jeune.

En fait, je suis encore dans la fleur de l'âge, vu que je n'en ai pas. Ce ne sont peut-être même que les premières secondes de ma vie, en comparaison de l'éternité que je m'apprête à vivre, la fin de l'univers, et tout ça. Et encore, je suis pas sûr que ça suffirait à me tuer. Enfin bref.